19-2: le bœuf et le chevreuil
«On est deux gars. On s’est chicanés. C’est normal.» Voilà comment Réal Bossé résume le conflit qui l’a opposé à Claude Legault pendant la création de 19-2. Un désaccord sur l’orientation de la série qui a poussé Legault à quitter le navire… pour y revenir un peu plus tard. «Tu ne jettes pas 25 ans d’amitié aux vidanges pour une simple dispute», ajoute Bossé.
Ces échanges musclés ont vraisemblablement porté fruit puisque 19-2 frappe dans le mille grâce à une réalisation à la fois sobre et léchée de Podz (Minuit, le soir, Les 7 jours du Talion), une interprétation nuancée, des personnages d’une rare complexité et des textes ramassés. Les auteurs font bon usage des silences, qui s’avèrent salutaires entre deux scènes à haute tension.
À l’antenne de Radio-Canada à partir du 2 février, 19-2 nous plonge au cÅ“ur des tourments que vivent deux agents du Service de police de Montréal : Nick Berrof (Bossé), un vétéran frappé par la tragédie, et Ben «le chevreuil» Chartier (Legault), un transfuge de la Sécurité du Québec fuyant sa campagne natale pour refaire sa vie en ville.
La relation entre les deux hommes commence de façon plutôt houleuse au premier épisode, en raison de l’air de bÅ“uf de Berrof, qui n’accepte pas qu’on lui assigne un partenaire. Son comportement erratique préoccupe son chef (Jean Petitclerc) et exaspère son ex-femme (Julie Perreault), qui occupe le poste de sergent détective.
19-2 propose un savant dosage de drame, d’action (les interventions du duo dans l’un des quartiers les plus chauds de Montréal sont haletantes) et de comédie (dans le premier épisode, on ne peut s’empêcher de rire à la vue d’une propriétaire de restaurant qui fouette son cuisinier avec un poulet mort).
Les auteurs ont choisi de révéler les secrets troubles de leurs protagonistes au moyen d’hallucinations et de flash-back, un procédé qui s’avère ici payant grâce aux délicats jeux de caméra de Podz, qui ne recourt pas à des effets grossiers et tape-à-l’Å“il. Oubliez les bébés dansants d’Ally McBeal; les visions des deux policiers s’intègrent parfaitement au récit.
Formation éclair
Les acteurs jouant un rôle de policier ont dû se rendre à Nicolet avant le début du tournage de 19-2. Ils y ont suivi une formation de cinq jours durant laquelle ils ont notamment appris à manier une arme. Réal Bossé est ressorti enchanté de ce court séjour. «On s’est fait dire qu’on avait l’air d’une vraie gang de cadets», dit-il, plein de fierté.
19-2
À Radio-Canada
Les mercredis soir à 21 h
À partir du 2 février