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«100 kilos d’étoiles»: se libérer de la pesanteur du monde

100 kilos d’étoiles
La bande de 100 kilos d'étoiles : Loïs (Laure Duchene), Amélie (Angèle Metzger), Justine ( Zoé De Tarlé) et Stannah (Pauline Serieys). Photo: K-Films Amérique

Qu’arrive-t-il lorsque nos rêves d’enfance se butent à la dureté du monde adulte? C’est l’une des nombreuses questions que pose le sympathique film français 100 kilos d’étoiles, qui prend l’affiche aujourd’hui.

Du haut de ses 16 ans, Loïs n’a qu’un souhait, celui de devenir astronaute. Seul hic, la jeune femme passionnée de sciences n’a pas tout à fait le tour de taille exigée pour monter à bord d’une navette spatiale.

Comme sa mère et sa grande sœur, Loïs (Laure Duchene, dans son tout premier rôle) est obèse. Mal dans sa peau et incomprise de ses parents, elle refuse de se nourrir.

Après avoir perdu conscience une énième fois, elle se réveille dans un centre médical où elle fait la connaissance de trois autres adolescentes un peu «dysfonctionnelles»: Amélie, une anorexique au caractère bien trempé, Stannah, condamnée à se déplacer en chaise roulante, et Justine, dont l’électrosensibilité et les tics sont source de moquerie.

Ensemble, les quatre jeunes femmes décident de prendre la fuite pour participer à un concours scientifique dont le premier prix est un vol en apesanteur.

«Loïs croit qu’elle a besoin d’aller sur une autre planète pour trouver sa place. Mais avec l’amitié, elle découvre que finalement c’est avec les autres qu’elle trouve sa place. Trouver les gens avec qui on est bien, c’est un peu planer.» Marie-Sophie Chambon, réalisatrice de 100 kilos d’étoiles

Finalement présenté en salles après avoir gagné le grand prix Festival international du film pour enfants de Montréal (FIFEM), 100 kilos d’étoiles se veut un film sur la grossophobie, mais pas que…

On pourrait ajouter à ce sujet l’amitié, la représentation du corps féminin, le sexisme envers les femmes en science et surtout, le passage à l’âge adulte, thème cher à la réalisatrice Marie-Sophie Chambon.

«J’aime bien l’adolescence, c’est un âge charnière, explique celle qui a aussi signé le scénario de ce premier long métrage. On est encore plein de choses de l’enfance. C’est l’absolu, les grandes convictions et les beaux principes qui se confrontent à la dureté du monde des adultes».

La cinéaste insiste toutefois pour dire que son film s’adresse à tous, pas qu’aux ados! «En tant qu’adultes, on est aussi confrontés à la rencontre entre nos désirs et la réalité», rappelle-t-elle.

«Au départ, je l’ai écrit comme un film qu’on peut voir à tous les âges. Même moi, adulte, je regarde encore beaucoup de films ou de séries avec des ados, je ne pense pas qu’il y ait de barrière d’âge en fonction de l’âge du personnage. On peut avoir de l’empathie pour des personnages qui n’ont pas du tout notre âge.»

Film féministe

De l’empathie, 100 kilos d’étoiles en a beaucoup pour ses quatre jeunes filles, qui ne sont pourtant pas toujours commodes entre elles malgré leur objectif commun.

«C’est aussi en se disputant très fort qu’on apprend qu’on s’aime très fort, illustre joliment Marie-Sophie Chambon. Ces filles ont chacun une forme de handicap et un rapport à l’autre un peu compliqué. C’est un apprentissage en fait: comment vivre avec l’autre, comment le faire entrer dans notre vie.»

La réalisatrice aime bien utiliser le mot «sororité» pour décrire le lien qui unit ses personnages, un concept qui tarde encore à faire son apparition au grand écran selon elle.

«Étonnamment, lorsque je présentais le film en France, beaucoup de filles me demandaient: “Pourquoi avez-vous voulu faire un film avec que des filles?” Mais on ne pose pas la question quand il n’y a que des garçons. J’ai grandi avec des films pleins de garçons. Les filles, on a quand même des problèmes un peu différents et on a aussi besoin qu’on en parle.»

D’un féminisme pleinement assumé, 100 kilos d’étoiles s’évertue donc à déconstruire la représentation des jeunes femmes à l’écran.

Ici, pas de corps parfaits ou d’intrigues amoureuses autour d’un prince charmant, mais plutôt des jeunes femmes avec une tête sur les épaules qui cherchent à déterminer ce qu’elles feront de leur avenir.

«Les femmes sont enfermées dans un modèle de beauté qui leur fait du mal, plaide Marie-Sophie Chambon. Montrer qu’elles peuvent être différentes, qu’elles ne cherchent pas forcément à maigrir ou à plaire aux garçons, c’est déjà beaucoup.»

«On montre souvent les femmes comme un objet de désir masculin, poursuit-elle. Elles doivent rentrer dans un code de beauté, avec une certaine taille, une certaine finesse et une certaine attitude. Les femmes doivent sourire, pas trop parler. Elles sont des objets de mystère, des objets de désir. J’avais plutôt envie de montrer une fille qui se demande ce qu’elle a envie de faire plus tard et non pas avec qui elle va sortir…»

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