Le Théâtre du Rideau Vert poursuit le Conseil des arts du Canada en justice
Dans le but de dénoncer un système «discriminatoire» dans l’attribution des subventions du programme Inspirer et enraciner du Conseil des arts du Canada (CAC), le Théâtre du Rideau Vert a déposé une requête en contrôle judiciaire auprès de la Cour fédérale.
Après s’être vu refusé cette année une demande d’aide au fonctionnement pour la septième fois en dix ans de la part du CAC, le Théâtre du Rideau Vert a décidé d’agir. Le 21 décembre, il a ainsi déposé devant la Cour fédérale une requête en contrôle judiciaire.
«Si on a décidé d’aller en justice cette année, c’est à cause d’un sentiment d’exaspération qui s’est installé au fil des ans. Le Conseil des arts et des lettres du Québec ainsi que le Conseil des arts de Montréal nous accordent tous deux des aides au fonctionnement. On ne comprend pas pourquoi le CAC continue de rejeter nos demandes», explique Céline Marcotte, directrice générale du Théâtre du Rideau Vert.
Mme Marcotte espère que ce recours déposé à la Cour fédérale permettra de faire modifier la grille de pondération qui détermine l’attribution des financements et qui est «discriminatoire» selon elle.
«La grille de pondération du programme Inspirer et enraciner est une grille à deux vitesses qui favorise les institutions culturelles qui auraient déjà obtenu cette aide auparavant. Les nouveaux demandeurs sont ainsi discriminés. Il faut revoir ce système pour le rendre plus équitable», souligne-t-elle.
Cette différence faite dans le système de pointage entre les nouveaux demandeurs et les autres, ne serait d’ailleurs «pas permis par la Loi sur le Conseil des arts du Canada», insiste le théâtre dans son communiqué de presse. De plus, le théâtre qui a déjà reçu ces subventions avant 2009 se voit toujours considéré comme un «nouveau demandeur».
Le milieu culturel solidaire
Pour tenter de comprendre la raison des multiples refus du CAC, Mme Marcotte a demandé des explications.
«Nous avons eu une rencontre au CAC cette année, mais on nous a seulement présenté les commentaires du comité qui a pris la décision. Ces commentaires étaient très généraux et on ne nous a pas fait part du pointage que nous avons obtenu», déplore-t-elle.
Par son action en justice, le Théâtre du Rideau Vert espère aussi faire changer les choses pour les autres institutions culturelles qui seraient victime de la même discrimination.
Avant d’en arriver à déposer une requête en contrôle judiciaire, sa directrice artistique, Denise Filiatrault avait adressé au CAC une lettre ouverte appuyée par plus de 300 signataires issus du domaine culturel.
«N’obtenant plus le statut d’institution auprès du gouvernement fédéral, il n’a donc plus accès au programme d’aide au fonctionnement et il n’est plus évalué au même titre que les autres institutions théâtrales du Québec. Pourtant, en tant que plus ancien théâtre professionnel d’expression francophone au Canada, le Rideau Vert est respecté de tous», écrivait Mme Filiatrault.
Une pétition réclamant le que le théâtre se voit accorder le statut d’institution par le CAC avait d’ailleurs récolté près de 10 000 signatures à ce moment-là.
La direction du CAC dont les bureaux sont actuellement fermés n’a pas réagi à la requête déposée par le Théâtre du Rideau Vert.
Nouveau spectacle à l’horizon
Le Théâtre du Rideau Vert prépare actuellement un nouveau spectacle qui sera près au mois de février. La pièce Adieu Monsieur Haffmann est quant à elle reprogrammée pour l’automne 2021.