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Les clowns sont tristes

Jessica Émond-Ferrat - Métro

Être le dindon de la farce : c’est pour évoquer cette expression que la compagnie française Rasposo a intégré le nom du volatile dans le titre de son spectacle Le chant du dindon. «Le public est toujours en admiration devant les artistes. Il se dit qu’ils ont une vie de rêve, explique la metteure en scène Fanny Molliens. Alors qu’en réalité, bien souvent, l’artiste sacrifie sa vie, met son corps en danger pour rendre le public heu­reux. Et puis, il se retrouve souvent loin des siens et vit des moments de solitude, de tristesse.»

C’est leur quotidien, donc, que dépeignent les artistes de Rasposo. Un quotidien avec ses hauts et ses bas, ses moments joyeux et ses instants difficiles, dans une mise en scène que Fanny Molliens, qui a été comédienne de théâtre avant de s’orienter vers le cirque, qualifie de très théâtrale et d’éminemment humaine. «On fait du cirque un peu à l’ancienne, on n’essaie pas d’être ultra contemporains, explique-t-elle. On présente un spectacle à taille humaine. On fait avec ce qu’on a, avec les moyens du bord. On utilise des choses vieilles, abîmées, cassées; le cirque n’est pas toujours riche, mais ça n’empêche pas d’avoir des artistes merveilleux.»

Ces artistes, ce sont notamment ses enfants, qui font tous partie de la troupe qu’elle a fondée avec son mari, Joseph Molliens. Leur fille Marie est trapéziste et fil-de-fériste, leur fils Vincent tient le rôle du clown, et leur autre fille, Hélène, s’occupe des éclairages. «Au départ, on n’avait pas vraiment le choix de les emmener avec nous, se souvient Fanny Molliens. Ça leur a plu, ils ont voulu s’intégrer. Et comme on se connaît bien, on travaille très bien ensemble, en repoussant constamment les li-mites des performances.»

La metteure en scène croit que l’essence du cirque peut se résumer comme «un défi de l’équilibre». «Il faut qu’il y ait un exploit physique, mais nous, on essaie de le mettre en valeur d’une façon plus théâtrale, précise-t-elle. Les personnages ne réalisent pas l’exploit seulement pour l’exploit, mais pour exprimer quelque chose. S’il y a un numéro solo, c’est pour exprimer la solitude du personnage, par exemple.»

Fanny Molliens souhaite d’ailleurs que le spectacle provoque une émotion au-delà de l’exploit circas­sien : «J’espère que les gens seront touchés profondément par ce qu’on raconte, humainement.»

Sous chapiteau

En entrant sous le chapiteau de Rasposo, que la troupe trimballe avec elle en tournée, on a immédiatement l’impression d’être transporté dans un univers unique. Et c’est le but, assure Fanny Molliens. «Notre chapiteau, c’est notre espace de vie, de travail, soutient-elle. Le cirque, c’est toujours bien mieux sous un chapiteau, à mon avis. Il y a une ambiance particulière sous celui-ci, alors il fait autant partie du spectacle que le spectacle lui-même.»

Le chant du dindon
Sous chapiteau
Place publique de la TOHU
Jusqu’au 24 juillet

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