Guillaume Musso : accro à ses personnages
Guillaume Musso publie Demain (XO Editions), ou la rencontre contrariée d’un prof d’université et d’une sommelière. Pour Métro, l’écrivain le plus lu en France livre les secrets de fabrication d’un roman promis à un beau succès.
Un lectorat renouvelé
«Depuis deux livres, j’ai gagné beaucoup de nouveaux lecteurs qui, jusque-là, s’interdisaient de lire mes romans. Parce qu’ils pensaient que c’était de la romance, ou du surnaturel pur et dur. L’appel de l’ange et Sept ans après, qui sont plutôt des thrillers, des suspenses, bien que familiaux ou romantiques, ont attiré des hommes, des gens qui lisent d’ordinaire Harlan Coben et Douglas Kennedy. Et ça tombe bien, car aujourd’hui, c’est ce que j’ai le plus envie d’écrire.»
Un 10e roman en forme de synthèse
«Demain est mon 10e livre. Et je voulais qu’il soit une synthèse de ce que je peux faire de mieux. On retrouve des thèmes récurrents de mes romans, comme la distorsion du temps et des gens ordinaires à qui il arrive des choses extraordinaires. Mais aussi quelque chose de nouveau à travers une analyse du couple. L’idée de départ, c’était de parler d’une femme amoureuse d’un homme marié qui va commencer à enquêter sur son couple en apparence idéal. Et va, par petites touches, mettre à jour des secrets assez inhabituels.»
Boston comme terrain de jeu
«J’ai choisi cette ville parce que c’était un écrin parfait pour cette histoire, qui mélange l’intime et les nouvelles technologies. Boston, c’est à la fois le berceau de l’Amérique, avec des traces très fortes de l’histoire de l’indépendance, mais c’est aussi une cité qui a pied dans l’avenir avec Cambridge, Harvard, le MIT, le laboratoire du futur. J’y suis allé plusieurs fois par le passé et j’y suis retourné une semaine spécialement pour ce livre afin de capter une ambiance, des détails qui sonnent juste.»
Une sommelière plus vraie que nature
«Depuis quelques années, je réfléchissais à une intrigue qui se déroulerait dans le milieu du vin et, de fil en aiguille, j’ai imaginé Emma, un personnage de sommelière qui s’est nourri de ma rencontre avec Estelle Touzet, sommelière au Meurice. Elle m’a raconté pas mal d’anecdotes sur son métier, m’a conseillé sur certains points. Ça m’intéressait et ça prolongeait le plaisir que j’avais eu sur L’appel de l’ange en rencontrant Pierre Hermé, qui a une vision de son métier finalement très proche de la mienne. Comme un clin d’œil à mes lecteurs fidèle, Emma travaille dans le restaurant de Jonathan Lempereur, le héros de L’Appel de l’ange.»
Des références médicales, mais pas trop
«Emma souffre de troubles bipolaires. Je voulais décrire ce phénomène de façon crédible et une psy m’a aidé à “ajuster” le tir. Pour le groupe sanguin rare au cœur de l’intrigue, j’ai parlé avec un médecin et un directeur de laboratoire d’analyse médicale pour savoir si mes hypothèses tenaient la route. J’ai appris que le nombre de groupes sanguins existants était bien plus important qu’on le croit. De mes recherches, j’essaie de faire quelque chose de divertissant. Surtout pas qu’on ait l’impression que je ressors mes fiches. Parce que je veux rester dans le souffle, le dynamisme de l’histoire.»
Une écriture addictive
«C’est quelque chose que je travaille, car c’est ce que j’aime en tant que lecteur ou spectateur, notamment devant les séries télé. Ce côté “page turner”, qui donne sans cesse envie d’avancer dans l’intrigue, c’est primordial pour moi. Je passe 10 mois avec mes personnages et, au bout d’un moment, je suis moi-même accro à mes personnages. Lorsque je termine, j’éprouve une sorte de baby blues et c’est pourquoi je me plonge presque aussitôt dans le livre suivant. Pourquoi pas lancer une trilogie la prochaine fois? Mais il faut le faire pour de bonnes raisons.»
Soigner le fond… et la forme
«Depuis trois livres, je propose moi-même une couverture à mon éditeur. C’est Rémi Pépin, qui travaille aussi pour Sonatine, qui les a réalisées. C’est important, car c’est l’image que vont avoir de moi les gens qui passent tous les matins devant un point de vente. Le titre, pareil. Je suis dans une période où j’aime les titres sobres. Un mot, une expression, pas plus. Je suis définitivement sorti des titres à rallonge ou avec des questions.»
L’histoire de Demain
À Boston, Matthew, un prof d’université, élève seul sa fille depuis la mort de sa femme. À New York, Emma, une jeune sommelière, essaie de surmonter sa liaison avec un homme marié. Lorsque le premier rachète l’ordinateur de la seconde, ils entament une correspondance virtuelle à l’issue pour le moins… inattendue.
Demain
Aux éditions XO
Présentement en magasin