Carl Palmer : autre temps, autre tempo
Étrange voyage dans le temps que celui proposé par Carl Palmer’s ELP Legacy.
Quand les légendes du rock progressif Emerson, Lake & Palmer ont donné leur dernier concert à Londres en 2010, après 40 ans de carrière, la tentation aurait pu être forte de fonder un groupe qui repique les classiques et coule des jours heureux en surfant sur la gloire du passé.
Or, bien que Carl Palmer replonge ces jours-ci dans l’univers d’ELP avec d’autres musiciens, l’ancien batteur de la formation ne veut pas entendre parler de nostalgie.
«C’est de la musique contemporaine!» insiste Carl Palmer en entretien téléphonique.
«Nous ne faisons pas que du Emerson, Lake & Palmer. Certaines chansons ont été composées par Mussorgsky (en référence à l’œuvre Pictures at an Exhibition, du compositeur russe, dont ELP a enregistré une version complètement hallucinée en 1971), et d’autres comportent beaucoup d’improvisation», continue le virtuose britannique.
Les adeptes du «vieux» ELP, habitués au son démoniaque de l’orgue de Keith Emerson et à la voix pure de Greg Lake, seront sans doute désarçonnés par la formule que Carl Palmer présente ce soir à Montréal.
D’abord, plutôt que de chercher un candidat capable d’imiter son ancien chanteur, Palmer a opté pour une approche instrumentale. Puis, le clavier, au cœur de toutes les envolées d’ELP, fait maintenant place à une guitare électrique au son agressif, presque métal, et maniée de main de maître par Paul Bielatowicz.
La basse n’est pas en reste; le jeu de Simon Fitzpatrick occupe tant de place que Carl Palmer n’hésite pas à parler d’une «deuxième guitare lead».
«Les gens comprennent que c’est une interprétation plus moderne et ils ne comparent pas forcément avec les versions originales. De toute façon, il n’y aurait aucun intérêt à rejouer indéfiniment la même musique que dans les années 1970», affirme le batteur qui, à 63 ans, manie les baguettes avec autant d’énergie et de puissance qu’à la belle époque.
Infatigable, Carl Palmer a effectué avec son trio actuel une série de spectacles en Argentine, au Chili et en Uruguay avant de venir faire le tour du Canada et des États-Unis. En février et mars, le Twist of the Wrist Tour s’était d’abord rendu au Japon ainsi qu’en Europe, avec un blitz de 14 spectacles en 16 jours.
«Je me sens rajeuni, confie-t-il. Et ça se ressent également dans le public. Beaucoup de jeunes se déplacent. Ce n’est pas qu’un spectacle pour les têtes blanches.»
Percussions en image
Le début de la tournée Twist of the Wrist de Carl Palmer coïncidait avec le lancement d’une collection d’œuvres d’art visuel du même nom.
- À mi-chemin entre la photographie et l’art abstrait, les tableaux captent les mouvements de différentes performances de Palmer à la batterie avec des baguettes lumineuses.
- «C’est une forme d’art cachée dans la musique», affirme l’artiste, pour qui cette collection est un prolongement naturel de l’énergie qu’il déploie sur son instrument.
Carl Palmer’s ELP Legacy
Au Gesù
Ce vendredi à 20 h