Millenium: Daniel Craig et Rooney Mara se confient

Viol. Meurtre. Températures glaciales. L’équipe du film The Girl with the Dragon Tattoo (Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes), la plus récente adaptation au grand écran du best-seller de Stieg Lars­son, vous souhaite de joyeuses Fêtes.

Le roman – qui relate les aventures d’un journaliste (interprété par Daniel Craig) enquêtant sur un mystérieux drame familial avec l’aide d’une pirate informatique asociale, Lisbeth Salander (Rooney Mara) – a déjà donné lieu à une trilogie cinématographique suédoise. On peut donc s’interroger sur la
pertinence d’un remake.

Pour Craig et Mara, il s’agissait d’une occasion de collaborer ou de retravailler avec le réalisateur David Fincher (Mara a tenu un petit rôle dans The Social Network). L’idée était bonne puisque le long mé­trage suscite déjà un vif intérêt et figure parmi les favoris pour remporter un Oscar, et ce, malgré la con­troverse et les critiques qui lui sont adressées en raison du traitement plutôt cru de quelques-uns de ses thè­mes, dont la sexualité de Lisbeth Salander. Sur le plateau, toutefois, l’ambiance a été joyeuse durant le tournage. Tout comme l’ont été les deux comédiens lors de nos entretiens.

• Daniel Craig( Mikael Blomkvist)

Maintenant que vous avez joué un journaliste, voyez-vous encore la profession d’un bon œil?
J’ai toujours aimé les jour­nalistes. Je ne sais pas d’où vient cette histoire, que j’aurais des problè­mes avec eux. Ce que je n’aime pas, c’est l’intru­sion – ce qui est fort différent. Et puis, certains de mes héros sont des journa­lis­tes. Je considère que cette profession a une extrême importance.

Le générique permet de comprendre à quoi pourrait ressembler un James Bond réalisé par David Fincher…
En effet. Je vois très bien David utiliser la même approche avec n’importe quel genre de film. J’ai­merais beaucoup retravailler avec lui ; je ferais d’ail­leurs n’importe quoi avec lui. Il sait comment entretenir une atmo­sphère joyeuse sur un plateau – du moins, aussi joyeuse que le permette le tournage de scènes dramatiques.

Qui est le plus drôle dans le groupe?
Nous le sommes tous. Et nous savons aussi quand rigoler. Quand quelqu’un doit jouer une scène importante ou complexe, ou que c’est une journée difficile, on ne fait pas de blague. Mais il est aussi important de laisser sortir la vapeur de temps en temps. Je ne pourrais pas vous dire qui est le plus drôle, mais il reste que David est tout un numéro. Comment peut-on être en même temps aussi drôle et aussi brillant? Ce n’est pas juste! (Rires)

The Girl with the Dragon Tattoo est pressenti pour un Oscar, mais ne pensez-vous pas que sa dureté pourrait rebuter certains membres de l’Académie?
Oh, je ne veux pas penser à ça. C’est tellement fou en ce moment. Si le film choque certaines person­nes, eh bien, tant pis! En fait, j’espère qu’il en choquera quelques-unes.

• 
  Rooney Mara (Lisbeth Salander)

Avec ses piercings et son look punk, Lisbeth est une sorte d’icône. Comment vous et David Fincher avez composé ce personnage?
Il y a eu beaucoup de discussions à son sujet – à propos de son look, de sa façon de marcher, de sa façon de parler, de sa façon de regarder, de ses manières. Mais, au bout du compte, comme c’est quand même moi qui devais le jouer, David m’a laissé beaucoup de latitude dans la façon de l’interpréter.

Selon vous, comment se fait-il que, lorsqu’un personnage féminin est fort et a un côté sexuel affirmé, certains le disqualifient en criant à la misogynie?
Je ne sais pas… Parce que les gens sont bêtes? (Rires) Peut-être parce que cela fait peur. Les choses
que les gens ne sont pas habitués à voir ou dont ils font rarement l’expérience les effraient. Ce qui est intéressant, à propos de ce personnage, c’est qu’ila deux côtés. Lisbeth est tout à fait capable de s’occuper d’elle, mais en même temps, elle est vulnérable et se retrouve dans des situations hor­ribles. Elle a une grande sagesse pour son âge, mais elle demeure aussi fixée émotivement à l’âge de 12 ans – elle est naïve et a très peu d’expérience avec les autres. Je pense que c’est ça qui la rend intéressante, le fait qu’elle combine ces deux côtés. Elle a aussi été abusée sexuellement, mais est en même temps très affirmée sur le plan sexuel. Ça aussi, à mon avis, ça peut faire peur.

Il s’agit d’un personnage complètement humain, ce que les gens n’ont peut-être pas l’habitude de voir à Hollywood quand il s’agit d’un personnage féminin.
Oui, il y a quelque chose de cet ordre. Peut-être n’est-elle pas incroyable. Peut-être n’est-elle en fait qu’un être humain complètement développé. (Rires)

Est-ce que jouer une pirate informatique vous a rendue plus méfiante à l’égard de l’internet?
Oui. Je l’étais pas mal avant, mais le film m’a rendue encore plus paranoïaque. Je ne pense pas qu’il soit bon de vivre dans la peur, mais il reste qu’il faut être conscient de cette réalité.

• Quand Daniel rencontre Rooney

Quelle a été votre impression lors de votre première rencontre?
Daniel Craig : Elle est superbe, non? Elle est absolument fantastique dans le film. Je savais qu’elle était bonne quand on tournait, mais il y a un long chemin entre le tournage et le produit fini. Je trouve qu’elle fait les choses d’une façon personnelle et très originale. Elle suscite en moi un grand enthousiasme! Elle a fait un travail extraordinaire. Et elle est adorable, ce qui ne nuit pas.

Rooney Mara :
J’ai vu Daniel pour la première fois à un bout d’essai. C’était assez angoissant. Rencontrer quelqu’un durant une audition est plus stressant que dans d’autres circonstances. Mais il n’aurait pas pu être plus charmant. Il a un grand sens de l’humour. Il est aussi très intelligent et généreux.

Aviez-vous des idées préconçues l’un sur l’autre avant de vous rencontrer?
Daniel Craig : Non, pas du tout. Uniquement ce que j’avais pu voir d’elle, notamment la scène de The Social Network dans laquelle elle joue et qui dure 30 secondes.

Rooney Mara : Je n’avais aucune idée préconçue, parce que je n’ai vu aucun James Bond. Je considérais simplement Daniel comme un grand acteur.

The Girl with the Dragon Tattoo
En salle dès mardi