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Alexis HK, l’héritier de Brassens

Photo: Frank Loriou

Influencé par la démarche d’un certain Georges Brassens qui observait ses contemporains avec un regard aiguisé et une verve supérieure, Alexis HK livre un corpus qui, musicalement pop, folk et country, s’interroge avec une certaine acuité sur ses semblables et sur notre époque. Celle que d’autres ont nommée «l’ère du vide».

En France, Alexis HK est très respecté des amateurs de chansons de qualité mais aussi, chose plus rare, de plusieurs de ses pairs. Pour le tournage du clip de sa pièce Les affranchis (2009), quelques grosses pointures dont Aznavour, Michel Fugain, Renan Luce, Eddy Mitchell et autres Yves Duteil n’ont pas hésité à se prêter au jeu du caméo dans cette parodie du classique de Scorsese.

C’est sans doute qu’en plus du côté très sympathique du personnage, ils apprécient ses chroniques musicales pas piquées des vers dont nous retrouvons aussi l’esprit sur Le présent, son plus récent chapitre, sur lequel on trouve des chansons construites autour de thèmes forts comme la vacuité de la monarchie, la presse pipeule, la fin de l’empire, les petits-enfants de Mais 68, etc. Volonté de parler de cette «ère du vide» propre à Gilles Lipovetsky?

«Oui, la postmodernité est un sujet qui m’intéresse beaucoup. J’ai une amie, que je ne nommerai pas, qui est une vraie princesse. Elle voulait chanter et elle m’a dit : ‘‘Je voudrais que tu m’écrives une chanson qui s’appellerait Princesse de papier, car je n’arrête pas de me faire harceler par la presse pipeule qui raconte tout et n’importe quoi à mon sujet.’’ L’idée était là et ça m’a ramené, comme ça, à toute cette ère d’inconsistance», raconte Alexis. Un artiste dont la sensibilité va plutôt à gauche, et qui précise que non, il ne s’agit pas de Stéphanie de Monaco. Est-il possible d’être à la fois de ce côté du spectre politique et en faveur de la monarchie, rigole l’auteur de ces lignes?

«J’ai tendance à penser que l’humanisme est la seule clé pour que le monde ne s’effondre pas. Mais je ne snoberais pas qui ce soit (…). J’ai beaucoup d’empathie pour l’humanité et j’essaie d’en avoir pour moi-même aussi afin de ne pas tomber dans la dépression. Lorsqu’on me parle de Georges Brassens, ça me fait gondoler car quand on est un jeune hérétique qui cherche un peu sa voix, il est le refuge idéal. Comme d’autres trouveraient leurs préceptes fondateurs dans la Bible, j’ai déniché les miens dans certaines phrases de Brassens», souligne le chanteur né en 1974, chez qui on reconnaît particulièrement l’influence du poète féru de pipes sur la pièce La fin de l’empire.

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Une des pièces plutôt fortes de cet album conçu au moment où on annonçait, partout dans les médias, la fin de la France, la fin de l’Europe et… la fin du monde selon le calendrier maya.

Ce discours sinistre omniprésent tendrait, selon Alexis, à créer des conditions défavorables au bonheur et à l’amour. Alors, en tant qu’«homme qui chante» et aspirant à la plénitude, il a voulu transformer cette mélancolie ambiante française en quelque chose de positif.

Et c’est ce que le ménestrel nous proposera à nous aussi, de façon assez rock cette fois, avec sa bande de bardes électrisés. Car, après tout, s’il demeure évident qu’il y a des crises, «ce n’est pas en s’accablant qu’on va les résoudre».

Alexis HK
À L’Astral
Samedi à 19 h 30

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=MZi5DQO0Xcs&w=640&h=360]

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