François Massicotte pour une sixième fois
Trente ans se sont écoulés depuis les débuts sur scène de François Massicotte. Trente ans et six one-man show. Le dernier en date, Jugez-moi, offre au public ce à quoi celui-ci s’attend sans doute d’un spectacle du comique de 46 ans: beaucoup d’anecdotes, du stand-up, «une ligne un punch». Et des rires… ou des sourires, selon les moments.
Après avoir remercié le public d’avoir choisi sa première plutôt que celle de Disney on Ice juste à côté… ou du débat des candidats à la mairie, Massicotte y est allé d’une série de gags sur la politique, certains réussis, d’autres moins. Sincèrement, une blague sur Mélanie Joly «qui est à une couverture de la revue Summum de gagner les élections», est-ce que ce n’est pas déjà un peu usé? Il en va de même pour les observations sur les sons «de films porno» qu’émettent les joueuses de tennis sur un court… des gags beaucoup trop souvent entendus pour vraiment surprendre et faire rire.
En dépit de ces quelques faiblesses, toutefois, Massicotte possède l’aisance sur scène et la solidité de l’humoriste qui roule sa bosse depuis longtemps. Aussi, plus la soirée avançait, plus le spectacle prenait du mieux. Il a abordé des sujets aussi divers que son décollement de la rétine («pour ceux qui ne savent pas c’est quoi, c’est quand la rétine se décolle»), son déménagement dans une maison intergénérationnelle, son voyage en République dominicaine, la surabondance de shows de cuisine et l’importance croissante des ingrédients gastronomiques, ou encore la commission Charbonneau («Les Sopranos en français»), segment durant lequel il a fait remarquer aux gens qu’on était tous «un peu crosseurs, dans le fond». «Qui a véritablement acheté tous les stylos qu’il a chez lui? Qui ne s’est jamais bourré la face dans le rayon des échantillons gratuits au Costco en faisant croire qu’il en achèterait un paquet?» Un numéro qui en a fait rigoler plus d’un dans la salle.
Un autre bon coup: celui, en deuxième partie, où l’humoriste raconte sa virée dans la nature avec son fils et les amis de celui-ci, visant à les «désintoxiquer» de leurs iPod, iPad et autres gadgets. Un autre sujet qui aurait pu être éculé, mais que Massicotte a traité de façon originale et plutôt comique, racontant aux enfants, lampe de poche sous le menton, tout ce qui avait changé depuis sa jeunesse. «Quand j’étais jeune, aller jouer dehors, c’était une récompense, pas une punition…», «dans mon temps, les « pinottes », c’était une collation, pas une arme de destruction massive»…
Un spectacle en dents de scie, donc, qui sans réinventer la roue, plaira aux inconditionnels de l’humoriste, lesquels sont visiblement nombreux et toujours fidèles au poste 30 ans plus tard.
Jugez-moi est présenté au Théâtre St-Denis jusqu’à samedi.