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Gauvreau: l’anarchiste éclatant

Photo: Gauvreau/Sodrac 2004

Signataire du Refus global, membre du mouvement des Automatistes et auteur dramatique marquant, Pierre Gauvreau brasse encore la cage à titre posthume au Musée de la civilisation, à Québec, où trois expos lui sont consacrées.

Ce qu’il nous est rapidement loisible de constater, c’est non seulement qu’on ne peut détacher le peintre de l’homme de paroles, mais aussi qu’il faut comprendre ses amitiés et ses coups de cœur pour saisir l’ampleur de son œuvre et son leitmotiv.

Car Gauvreau, en plus de suivre sa propre démarche artistique, était un fervent admirateur de l’art libre et non officiel. Dans la salle consacrée à sa collection personnelle, on découvre des marginaux qui ont su magnifier la quotidienneté grâce à leur liberté kaléidoscopique. On notera par exemple L’oiseau survolant le laboureur, d’Edmond Châtigny. Un agriculteur beauceron qui, grâce à ses sculptures sur bois éclatantes qui semblent s’envoler, a sans doute inspiré l’artiste libre et insoumis qui nous a quittés en avril 2011.

En plus de celles de Châtigny, nous pouvons découvrir les étonnantes et intrigantes sculptures de Bruno Champagne, dont ses hommages à Gauvreau et à Jean-Paul Riopelle. Un ami de l’auteur du Temps d’une paix avec qui il s’était joint au mouvement des Automatistes et dont nous pouvons admirer une œuvre de 1945 (Décalcomanie).

Pour Gauvreau, l’art valait l’art dans la mesure où il y avait du génie et de la créativité. Voilà pourquoi il éprouvait le même respect pour Roch Plante (alias Réjean Ducharme), dont une des «trophoux» nous a captivés, que pour Marie-Anna Voisine (il faut voir Grande vitrine), une femme qui osait sortir du cadre et prendre la parole à une époque où cela ne se faisait pas. «Gauvreau échangeait ses propres œuvres contre celles de ces inconnus magnifiques qu’il découvrait au fil de ses pérégrinations québécoises», assure Christian Denis, conser­vateur de l’exposition Esprits libres, l’une des trois de cet hommage complété par des tableaux de la Collection Loto-Québec.

Parmi les moments puissants, notons, dans la salle placée sous la férule de son épouse, l’artiste Janine Carreau, la série Les insoumis, où Gauvreau rend hommage en 13 tableaux à d’autres signataires du Refus global, à Giodorno Bruno, ecclésiastique et philoso­phe qui fut brûlé vif pour avoir remis en question la Trinité, et à la femme Eugénie. Cette insoumise voyageait seule déguisée en moine, enseignait aux enfants et fut condamnée au bûcher sous l’Inquisition pour avoir contesté le pape.

Suggestion au passage : il ne serait pas vain d’offrir des baladeurs pour enrichir la visite de commentaires des commissaires et/des amis de Gauvreau.

Avant de quitter le ciel gris de la Vieille Capitale, détour dans une boutique. «Têtu, rebelle et authentique», indique un t-shirt. Sourire. À travers la vitrine, le soleil s’est pointé en un éclair. Comme un clin d’œil pour rappeler ce mot de Gauvreau : «La lucidité, c’est la lumière.»

Paris en scène 1889-1914
En plus de l’hommage à Pierre Gauvreau, vous pourrez plonger dans l’atmosphère du Paris de la Belle Époque avec l’expo Paris en scène.1889-1914. Ballade captivante grâce au multimédia et à la présence des premiers vélos en plus d’œuvres de Rodin, Toulouse-Lautrec et des costumes de Sarah Bernardt. Nous aurions cependant aimé en apprendre davantage via nos indispensables baladeurs sur le plan politique. Jusqu’au 23 février 2014.

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