L’ouragan Viviane (Audet)
Un an après qu’elle et ses comparses, Robin-Joël Cool et Erik West-Millette, ont remporté le Jutra de la meilleure trame sonore pour le film Camion de Rafaël Ouellet, la comédienne et chanteuse Viviane Audet propose son nouvel album solo : Le couloir des ouragans.
De son propre aveu, Viviane Audet aurait aimé sortir son deuxième album solo bien avant. Néanmoins, avec le recul, la comédienne et chanteuse considère que les sept ans qui se sont écoulés entre son premier effort, Le long jeu, et Le couloir des ouragans, qui paraîtra mardi, auront été bénéfiques.
«Ça m’a donné l’occasion de prendre de l’expérience en studio, notamment avec la trame sonore de Camion, fait-elle valoir. Et si mon disque était sorti il y a trois ans, comme ça aurait dû être le cas, peut-être que je n’aurais pas eu la chance de travailler avec les gens de qui je me suis entourée.»
«Ces gens» qui l’ont entourée incluent son réalisateur, Philippe Brault, connu notamment pour son travail avec Pierre Lapointe, et qui a également souvent travaillé au théâtre avec le metteur en scène Claude Poissant, entre autres. C’est d’ailleurs grâce à la pièce Tristesse animal noir que Viviane Audet a eu l’idée d’entrer en contact avec le musicien. «Mon chum [Robin-Joël Cool, qu’elle a rencontré au cours du tournage de Belle-Baie] jouait dans la pièce et devait chanter, raconte-t-elle. Et c’était Philippe qui avait fait les arrangements de la partie de Robin. Il est arrivé un soir avec une toune de Kate Bush, et ma première réaction a été : “Oh my god, c’est donc ben bon! Qui fait la musique? Donne-moi son numéro!”»
L’expérience s’est avérée concluante, confirme la chanteuse. «Ce que j’aime de Philippe, c’est que, comme il travaille pour le théâtre, le cinéma [il a cosigné la trame sonore du film Le vendeur avec Pierre Lapointe], je trouvais qu’il y avait un genre de parenté cool entre nos deux univers musicaux, fait remarquer la comédienne. On s’est retrouvés en studio, on a presque joué de tout ensemble, ç’a été un genre de petit huis clos vraiment chouette. On se mettait au défi, c’était très spontané. Ç’a été une espèce de travail de ping-pong créatif entre moi et lui.»
La jeune femme souligne par ailleurs que son réalisateur et elle ont fait venir seulement trois musiciens [Benoît Rocheleau, José Major et, bien sûr, Robin-Joël Cool] pour jouer avec eux; et bien qu’elle ait souhaité rester dans une esthétique épurée, le nombre d’instruments n’était pas aussi limité que le nombre de musiciens.
«J’aime tellement ça! J’exagère un peu, je suis rendue avec deux orgues et beaucoup trop de gogosses chez nous, s’exclame la musicienne. Les instruments dictent la voie à suivre, ceux qu’on choisit, ça fait partie de la création. J’avais envie d’explorer l’autoharpe, le trombone, les cuivres, l’orgue, le banjolélé, le wurlitzer, que j’avais acheté sur un coup de tête…»
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Cette passion pour les instruments de musique a d’ailleurs amené Viviane Audet à modifier sa façon de travailler, elle qui écrivait auparavant ses textes avant d’y coller une musique. «Je me laisse beaucoup plus apprivoiser par la musique en premier maintenant, et c’est ça qui me porte, beaucoup plus que les paroles», avoue-t-elle.
Celles-ci continuent d’avoir de l’importance, bien que l’artiste ne considère pas avoir écrit de la même façon entre 26 et 30 ans qu’à l’époque de son premier opus, quand elle en avait 22. «J’ai levé le voile sur moi-même, je me suis mise à nu dans cet album-là, croit-elle. C’est beaucoup plus de la confidence que des chansons théâtrales.»
En plus de ses textes personnels, d’autres lui ont proposé de chanter leurs mots (Baptiste, la poétesse acadienne Georgette LeBlanc, Émilie Proulx…) ou ont coécrit avec elle : «J’ai été sélective, mais je suis toujours partante quand les gens ont quelque chose à me proposer, dit-elle. Il faut que dans ma tête je voie des images de ma vie, que j’aie le sentiment que j’aurais pu écrire cette chanson.» Son métier parallèle de comédienne n’est peut-être pas étranger à cette facilité à s’approprier les mots des autres, avoue-t-elle : «Tant quand je joue un personnage que quand je chante, mon but, c’est de communiquer une idée, une émotion.»
«Quand je compose une chanson, c’est important que je me voie sur la scène. Je veux qu’elle résonne pour le public», explique Viviane Audet. / Marjorie Guindon
Cela dit, 2014 sera davantage une année mettant de l’avant la musicienne que l’actrice, affirme Viviane, qui lancera prochainement un album avec Mentana (le groupe folk qu’elle a fondé avec son amoureux Robin-Joël) et qui signera, de nouveau avec ce dernier et Erik West-Millette, la trame sonore du prochain long métrage de Rafaël Ouellet, Gurov & Anna. Des retrouvailles qui réjouissent vivement la jeune femme.
«Je pense que je me laisse beaucoup plus de liberté quand je travaille à de la musique de film, affirme-t-elle. On compose sur des images – le montage est déjà fait, donc on a le produit final devant nous. J’ai l’impression d’avoir plus d’espace, de moins me censurer, parce que ce ne sont pas mes mots, je crée sur le travail de quelqu’un d’autre en essayant de comprendre sa démarche à lui. Donc je me sors de moi, en quelque sorte. C’est un travail que j’aime vraiment faire.»
Après son expérience de Camion, Viviane a d’ailleurs eu l’impression de se sentir beaucoup plus confiante en ses moyens. «Je pense qu’on sort de ce genre de contrat inspiré pour ses propres projets, ajoute-t-elle. Ça m’a ouvert des horizons et m’a permis d’aller ailleurs, de glaner des éléments pour ma musique.»
Coups de cœur musicaux
La dernière découverte musicale de Viviane Audet? L’été, de Philémon Cimon, avec qui elle partage le réalisateur Philippe Brault : «Tout est beau sur ce disque, la musique, les textes, la pochette!»
Celle qui compose des trames sonores a eu un coup de cœur pour celle de Lost in Translation, signée Kevin Shields. «Je l’ai écoutée hier, c’est un coup de cœur très en retard, mais la musique est magnifique!»
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Le couloir des ouragans
En magasin dès mardi
Lancement au Lion d’Or
Mardi en formule 5 à 7