Alaclair Ensemble + The Posterz + Heart Streets + Panther + LAY-Z P @ Cabaret Underworld
- Samedi 8 mars
Alaclair Ensemble + The Posterz + Heart Streets + Panther + LAY-Z P @ Cabaret Underworld
Ogden est un ami. Un gars qui peut débarquer chez nous et se préparer deux tranches de pains au Nutella et au beurre de peanut. Un gars qui peut s’endormir sur mon divan pendant que Major League joue à la télé. Un gars que je serais game d’amener dans un souper de famille et qui s’intégrerait assez facilement.
Ogden est le tireux-de-ficelles d’Alaclair Ensemble. Celui qui s’assure que le bateau vogue aisément. Je ne parle pas de l’aspect créatif d’Alaclair, qui est géré collectivement par tous les membres du super groupe, mais du côté administratif. Toute la partie qu’on ne voit pas quand on écoute 4,99 ou Les maigres blancs d’Amérique du Noir; l’arrière-scène ou, autrement dit, la job plate. C’est qu’Alaclair Ensemble a pris la décision consciente, malgré plusieurs offres de maisons de disques locales, de rester un groupe totalement indépendant. Ses membres restent des vrais sans-famille de la musique québécoise. Et c’est Ogden qui gère la majorité de cet aspect-là des choses.
Pour Alaclair Ensemble, le problème est qu’au Québec, les subventions vont de pair avec le fait d’avoir un contrat avec une maison de disques. Pas de label, pas d’argent du gouvernement. Une structure qui est établie depuis longtemps, mais qui n’est plus tout à fait représentative des nouvelles réalités artistiques à l’ère de l’internet. Donc, si vous faites le calcul, Alaclair doit vivre grâce aux sous qu’il fait avec les ventes de ses disques et ses spectacles. Petit hic, le groupe donne toute sa musique sur son site web. Il ne lui reste donc pas grand-chose, au final. Sachant qu’au Québec toute forme d’art a beaucoup de difficulté à survivre sans subvention vu la petitesse de notre marché, le coup est d’autant plus dur pour un groupe de six artistes.
Pourtant, Alaclair Ensemble est désormais bel et bien ancré dans la culture musicale québécoise. Preuve de sa pertinence et de son rayonnement, il fait partie de la délégation québécoise qui se rendra à Austin, au Texas, pour le festival SXSW la semaine prochaine… et c’est le gouvernement qui paye.
Si on résume, Alaclair Ensemble n’a pas le droit de toucher aux enveloppes que le gouvernement alloue à la musique, mais le gouvernement envoie le groupe dans un des plus gros festivals de la planète pour montrer toute la richesse de la culture musicale québécoise. Assez contradictoire, mais il s’agit de la réalité avec laquelle le collectif vit tous les jours en ayant pris la décision de rester indépendant.
De toute façon, pour Ogden, aller à SXSW représente «une drôle d’occasion de jouer au Quai des Brumes devant la gang de minces du Plateau». Il n’en veut pas au gouvernement; au contraire, c’est un service que la merveille du monde bas-canadienne rend à l’État. En attendant, allez mettre des sous dans le chapeau au Cabaret Underworld ce samedi.
1403, rue Sainte-Élisabeth