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Attila Marcel: en avant la musique

Photo: Métropole films

Le réalisateur des Triplettes de Belleville, Sylvain Chomet, nous propose Attila Marcel, un premier long métrage en prises de vue réelles dans lequel la musique a toujours une grande importance.

Dès ses premiers pas dans le monde du cinéma d’animation, Sylvain Chomet a compris l’importance que prendrait la musique dans son cinéma – on se souvient d’ailleurs encore, 10 ans après Les Triplettes de Belleville, de la musique signée par le Québécois Benoît Charest. C’est d’ailleurs de la chanson Attila Marcel, que le cinéaste français avait écrite pour cette trame sonore, qu’est née à l’époque l’idée du film du même nom. «Je travaillais alors à Montréal, et un soir, en rentrant chez moi sur le Plateau, j’avais eu ces deux mots qui m’étaient apparus en tête: Attila Marcel, raconte-t-il. J’en ai fait une chanson à la Piaf pour le film, mais j’ai su que ce serait un film un jour. Et comme je suis un grand fan des comédies musicales, j’ai eu envie que le film en question tourne autour de la musique et de la danse.» Ce qu’il a fait par le biais des souvenirs colorés de l’enfance du personnage principal.

Attila Marcel, c’est l’histoire de Paul (Guillaume Gouix), un pianiste élevé par ses deux tantes (Hélène Vincent et la regrettée Bernadette Lafont), devenu muet à la suite de traumatismes remontant à l’enfance. Grâce à une tisane aux propriétés magiques de sa voisine, la bien nommée Mme Proust (Anne Le Ny), il espère retrouver la mémoire et se rappeler les circonstances qui l’ont séparé de ses parents.

Une histoire qui a commandé au réalisateur des Triplettes et de L’illusionniste d’abandonner momentanément l’animation pour plonger dans la prise de vue réelle – une expérience qu’il avait déjà tentée en 2005 avec un segment du collectif Paris, je t’aime. «Il y a des limites avec l’animation, croit-il. Par exemple, le regard de Guillaume Gouix, ce qui passe là-dedans, ça n’existe pas en animation. On peut exprimer des sentiments très complexes avec l’animation, mais ce genre de choses, il n’y a que les yeux d’un être humain qui puissent traduire ainsi des pensées.»

C’est d’ailleurs ses yeux qui ont valu à Guillaume Gouix de décrocher le rôle principal d’Attila Marcel, puisqu’il a dû prendre part à une audition un peu particulière. «On a fait un casting avec quatre jeunes acteurs, et comme le personnage ne parle pas, j’avais écrit un petit texte qui s’appelait Les pensées de Paul, décrit Sylvain Chomet. Je leur ai demandé d’enregistrer ce texte, et ensuite, on le faisait jouer et on demandait aux comédiens de réagir à ces pensées, de les exprimer au moment où on les entendait. Les trois autres, de très bons acteurs issus du théâtre, ont accentué un peu trop leurs expressions, alors que Guillaume, lui… n’a strictement rien fait. Il ne bougeait pas, mais au niveau des yeux, il était captivant. C’est là que ça se passe. En restant dans son mutisme, il a écrit ses dialogues à travers son regard.»

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Pour ses autres personnages, soit les deux tantes et la voisine, le réalisateur a de nouveau imaginé des vieilles dames colorées. «J’étais dans l’esprit Triplettes, et je n’avais pas forcément tout raconté par rapport aux vieilles dames… Et j’avais envie de créer un trio de vieilles salopes! lance-t-il en riant. Les actrices, par contre, sont des dames très jeunes dans leurs têtes – ou était, dans le cas de Bernadette qui nous a quittés. Entre les deux tantes, Bernadette Lafont et Hélène Vincent, le courant passait tellement bien que je leur ai écrit une scène pour qu’elles puissent lâcher leur fou, celle de la plage à Trouville où elles sont saoules! C’était parfait.» D’ailleurs, Chomet suggère aux gens de rester jusqu’à la fin du générique pour pouvoir apprécier une dernière petite scène en hommage à Bernadette Lafont.

Et pour les projets à venir, ce sera l’animation ou la prise de vue réelle? «Il faut choisir selon le projet, croit Sylvain Chomet. Mais l’hybride que je trouve absolument ignoble, c’est de faire jouer des acteurs pour ensuite faire de la capture de mouvement… Pour King Kong ou ce genre de créatures imaginaires, je suis d’accord, mais tant qu’à reprendre des gens tels quels, comme Tom Hanks dans Polar Express… Je ne vois pas l’intérêt. Il y a un truc qu’on perd.»

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=dt1Ambupflw&w=640&h=360]
Attila Marcel
En salle dès vendredi

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