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The Snowpiercer: Tilda sort son côté Thatcher

Photo: Les films Séville
Ned Ehrbar - Metro World News

La méchante du film de science-fiction The Snowpiercer (Le transperceneige) a adoré jouer une cruelle bureaucrate.

Pour l’étourdissant The Snowpiercer, du réalisateur Bong Joon-ho, l’actrice caméléon Tilda Swinton se cache derrière une fausse dentition proéminente, des lunettes criardes et des cheveux coiffés sur le côté de manière franchement très peu avantageuse pour jouer Mason, la personnification du mal bureaucratique dont la tâche consiste à garder tranquilles les classes inférieures alors que ce qui reste de l’humanité attend que passe une seconde ère de glace à bord d’un train perpétuellement en mouvement. Métro a parlé à la comédienne britannique.

Je blaguais avec un ami l’autre jour en disant qu’on pouvait deviner que The Snowpiercer est un film de science-fiction: on y retrouve Tilda Swinton qui parle avec un accent du Yorkshire.
(Rires) C’est fantastique, merci beaucoup. Il s’agit d’une blague entre moi et mes frères, en fait – il y a trois personnes sur la planète qui trouveront Mason particulièrement drôle pour cette raison, c’est-à-dire que nous connaissions quelqu’un qui parlait exactement de cette manière quand nous étions petits. De plus, la première année où j’ai eu le droit de vote, Margaret Thatcher a accédé au pouvoir, alors ma génération de Britanniques en a jusque-là de ce qu’on appelle l’État hyperprotecteur. Elle avait ce style, cette condescendance qui semblait dire: «Vous ne savez pas ce que vous voulez, je vais vous fouetter pour vous ramener à la raison», ce qui, je le sais pour avoir été élevée par une femme du Yorkshire, est en quelque sorte la norme culturelle dans cette partie du monde.

Il y a beaucoup de Thatcher dans votre personnage, n’est-ce pas?
Ah, c’est une autre chose intéressante, il y a un petit jeu de mots ici. «Mason» (un maçon, en français) est quelqu’un qui joue un rôle important dans la construction d’une maison, et «Thatcher» veut aussi dire «recouvreur de toit», un professionnel qui tient également un rôle important dans la construction d’une maison. Elle est donc Thatcher mêlée au reste de la bande – Silvio Berlusconi, Kadhafi, Adolf Hitler, des gens en Corée du Nord et peut-être même un peu de la grandiloquence des États-Unis. Tout cela mis ensemble vise à donner une impression quelque peu dictatoriale tout en étant un peu clownesque. Aussi sinistre ou réellement cruel qu’un dictateur puisse être, il semble y avoir une tendance à chercher ce que notre réalisateur Bong appelle «le côté mignon». Aussi ridicules soient les choses que débite – par exemple – le président des États-Unis à un certain moment, on a peut-être envie de croire qu’il y a un humoriste caché quelque part en lui. C’est étrange. C’est une façon qu’à notre psyché de nous protéger du sentiment d’être lésé.

Peut-être est-ce une question de charisme.
Effectivement. C’est certainement du charisme, et je crois que nous avons tendance à voter pour des gens qui possèdent ce charisme parce que ce sont eux qui vont nous donner les feuilletons les plus amusants pendant qu’ils seront au pouvoir – ce qui n’est pas nécessairement une bonne chose, mais la tendance est là.

Le film propose des thèmes familiers, mais ceux-ci sont présentés de manière originale.
Bong Joon-ho est un cinéaste sophistiqué, il a une voix unique, mais il est aussi tellement érudit et très versé en cinéma. Je dirais même qu’il est sans doute le cinéaste le plus consciemment constructif et formaliste depuis Hitchcock ou Kubrick. Il a cette portée, cette connaissance, cette maîtrise. À mon avis, ce film porte autant sur le cinéma que sur tout le reste. Chacun des wagons du train a une atmosphère cinématographique différente. Il y a le wagon Fellini, le wagon Derek Jarman, le wagon Antonioni. Les spectateurs qui n’ont pas vu ses autres films vont commencer celui-ci et penser: «D’accord, c’est là qu’on s’en va. On a déjà vu Alien, et John Hurt est dans ce film aussi, bof.» Et puis, on bouge. Je ne veux rien gâcher, mais il le fait avec tellement de mæstria et on sent qu’il est en contrôle. Il sait comment jouer avec les références. Si vous sentez une référence, il y en a une. Bong Joon-ho sait exactement ce qu’il fait.

Il y a une référence évidente à Dr. Zhivago, en tout cas.
Et bien sûr à Brazil. Il appelle le personnage de John Hurt Gilliam [du nom du réalisateur de Brazil, Terry Gilliam]. Cela prouve ce que je disais. Il est très transparent.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=nX5PwfEMBM0]
The Snowpiercer
En salle dès vendredi

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