L’importance d’être Constant: l’importance de s’amuser
Yves Desgagnés transpose la pièce L’importance d’être Constant (The Importance of Being Earnest) sur la scène du Théâtre du Nouveau Monde, avec une bande de comédiens qui a visiblement beaucoup de plaisir à y être.
Satire de l’époque victorienne, de ses convenances et de son hypocrisie, L’importance d’être Constant, un peu comme dans les farces de Molière, met en scène des personnages amoureux qui s’empêtrent dans leurs mensonges. Jack (Maxime Denommée) est un dandy qui aime bien se faire appeler Constant, identité qu’il usurpe à un frère dépravé qu’il s’est inventé. Mais voilà qu’il tombe amoureux de Gwendoline (Anne-Elisabeth Bossé) la cousine de son ami Algernon (Vincent Fafard). Mais Gwendoline est amoureuse de Jack parce qu’elle le croit Constant, un nom qui éveille en elle la passion. Pour compliquer encore davantage les choses, Algernon décide de se faire passer pour le «frère Constant» de Jack auprès de la protégée de ce dernier, une jeune femme nommée Cecily (Virginie Ranger-Beauregard). Et les imbroglios commencent quand Gwendoline et Cecily se rencontrent…
Dans une traduction presque en franglais de Normand Chaurette, qui parsème le texte d’expressions dans la langue de Shakespeare («bread and butter», «shortcake», «cup o’ tea»…) que les acteurs s’amusent à prononcer avec un accent exagérément british, Yves Desgagnés a mis en scène ses personnages devant une immense tasse de thé, y ajoutant ici et là des accessoires concordant (deux cubes de sucre et un biscuit petit beurre qui deviennent un banc; une immense cuiller sur laquelle les acteurs se prélassent…) Une touche ingénieuse qui permet d’excellents moments de comédie.
Et pour ce qui est des comédiens, ils cabotinent allègrement et avec un plaisir manifeste, et sont tout à fait dans le ton. Les deux dandys joués par Maxime Denommée et Vincent Fafard ont véritablement la tête de l’emploi et multiplient les steppettes et les regards aguicheurs; Anne-Elisabeth Bossé se révèle une fois de plus extrêmement douée pour la comédie, Virginie Ranger-Beauregard joue les fausses ingénues avec juste ce qu’il faut de moue boudeuse; Richard Lalancette, Julie Vincent et Patrice Coquereau offrent eux aussi de bien belles performances. Mais c’est Raymond Bouchard, interprète de Lady Bracknell (rôle traditionnellement joué par un homme) qui attire le plus de rires (on s’en doute) de par son attirail mais aussi ses répliques assassines.
Bref, ce sont deux belles heures de rire qui vous attendent au TNM jusqu’au 6 décembre.