Fabienne Larouche: toujours aussi «crinquée» après «District 31»
S’il est une créatrice qui en a conclu des séries au Québec, c’est bien Fabienne Larouche. Comme auteure ou productrice, la femme d’affaires verbomotrice a tourné un nombre infini de pages, au propre comme au figuré, en 35 ans de carrière. Mais District 31 occupera toujours une place particulière dans son panthéon personnel.
Elle semble à peine le réaliser elle-même en s’adressant, les yeux grands, à l’auteure de ces lignes. Nous sommes attablées en tête-à-tête dans une pièce du poste 31, érigé aux studios MELS de Saint-Hubert, et toute l’équipe de District enchaîne les entrevues avec la trentaine de journalistes présents (un record pour un tel événement médiatique) lors du dernier jour de tournage. Fabienne Larouche a généreusement accepté de prendre un moment pour se confier à Métro.
«Six ans, Marie-Josée! 720 épisodes… C’est quand même quelque chose! À 1 800 000 téléspectateurs, ou presque…»
Sept fois Harry Potter
District 31, c’est aussi 720 épisodes et 28 000 pages de texte, soit l’équivalent de sept fois la saga entière de Harry Potter. Difficile de trouver comparaison plus frappante, ou flatteuse, pour l’auteur Luc Dionne.
Et si Fabienne Larouche avait réussi à conquérir quelque 1,4 ou 1,5 million d’adeptes lors des premières années de Virginie, à la fin des années 1990, et cartonné avec des Scoop, Urgence, Fortier et autres 30 vies, District 31 fait office d’exploit à l’ère des Netflix et autres plateformes rendant les téléspectateur.trice.s de plus en plus volages.
«C’est mission accomplie, décrète-t-elle. C’est sûr que ç’a été une grosse affaire dans nos carrières, à Luc, Michel [Trudeau, son conjoint et coproducteur chez Aetios] et moi.»
La décision de tirer le câble de District 31 a été prise en novembre 2021. Le deuil s’est ainsi bouclé en amont.
«Ça va créer un vide. Ç’a été important. Mais nos carrières ne sont pas finies! Nous, on continue. C’est le propre de notre métier, de créer des univers, les faire vivre et les arrêter. D’autres défis nous attendent…»
Sa dernière série?
Parmi ces (nombreux) défis avec la boîte de prod Aetios, on note DPCP, nouvel opus en 24 épisodes d’une heure que Luc Dionne écrira, «mais pas avant le 1er septembre», précise Fabienne, soucieuse de laisser son collègue se reposer.
Des deuxièmes saisons du Bonheur, de Doute raisonnable et de Sans rendez-vous sont sur la table de travail, tout comme la nouveauté À cœur battant, concept ficelé par Danielle Trottier dérivé de Toute la vie, avec le personnage de Christophe L’Allier (Roy Dupuis), campé dans un environnement d’hommes violents. À voir sur ICI Télé, sans doute en janvier 2023.
Dans Les yeux fermés, thriller axé sur la disparition d’un jeune garçon datant de 30 ans, Fabienne Larouche encadrera Anita Rowan (aux textes), Jeanne Leblanc (à la réalisation) et Magalie Lépine-Blondeau (dans le rôle principal). Avec Guillaume Lespérance et A Média, Aetios coproduira la nouvelle quotidienne d’ICI Télé qui remplacera District 31, écrite par Marie-Andrée Labbé (Trop, Sans rendez-vous), avec Suzanne Clément en vedette.
D’autres idées se développent encore en secret. Et c’est sans compter Terre de sang, saga historique imaginée dans le Montréal du 17e siècle, aux thématiques à saveur d’immigration et de féminisme, que Fabienne signe elle-même pour Radio-Canada.
«Peut-être ma dernière série», laisse planer l’ancienne enseignante d’histoire.
Décidément, Fabienne Larouche dort-elle, parfois?
«J’ai 63 ans et je suis super “crinquée”», signifie-t-elle. Sa passion? Accompagner de jeunes – ou moins jeunes – créateur.trice.s dans leur processus de construction d’une œuvre, dans leur évolution.
«C’est là l’avenir! Quelque part, il y a peut-être quelque chose à donner au suivant. Je n’ai pas toutes les réponses, mais en 35 ans, j’en ai vu, des affaires! Quand Luc (Dionne) m’appelait, qu’il ne voyait plus le bout du tunnel, je l’invitais à prendre un thé, en lui disant que son tunnel, j’allais le lui débloquer. On a besoin de ça. Je fais de l’accompagnement; j’aurais été une bonne travailleuse sociale…!»