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«Je vous salue salope»: cette haine qu’on ne doit plus banaliser

Léa Clermont-Dion et Guylaine Maroist, scénaristes et réalisatrices du documentaire "Je vous salue salope"
Léa Clermont-Dion et Guylaine Maroist, scénaristes et réalisatrices du documentaire «Je vous salue salope» Photo: Courtoisie La Ruelle Films

Quel est l’impact de la cyberviolence et de la haine sur la vie des femmes? C’est la question à laquelle tentent de répondre Léa Clermont-Dion et Guylaine Maroist avec leur documentaire Je vous salue salope: la misogynie au temps du numérique.

La réponse dépasse l’entendement, rappelant les longs métrages anxiogènes d’épouvante. Politiciennes, actrice ou étudiante, les quatre protagonistes de ce récit-choc reçoivent régulièrement une horde de messages fielleux, qui incitent même au viol et au meurtre.

«Les gens ne saisissent pas vraiment la cyberviolence faite aux femmes, raconte la cinéaste Guylaine Maroist en entrevue. Ils ne comprennent pas ce que ces femmes vivent quand la vraie vie est un film d’horreur. C’est pour ça qu’on banalise la cyberviolence.»

Une comédienne française peut recevoir plus de 40 000 messages haineux et une politicienne italienne, être menacée de viol par un maire. Les autorités policières ne les prennent pas nécessairement au sérieux et rien n’est fait pour légiférer les réseaux sociaux.

«C’est un sujet compliqué, complexe, qui nécessite des nuances, révèle l’autrice Léa Clermont-Dion, qui planche sur ce projet depuis sept ans. Ce qu’on voulait faire, c’est générer de l’émotion et de l’empathie à travers le cinéma. Quand on fait du documentaire, on a toujours un souci d’accompagner ces gens-là et de respecter leur ressenti, s’ils n’étaient pas prêts à témoigner.»

Ouvrir la discussion

Cette cyberviolence qui ne cesse d’augmenter au fil des années a atteint son paroxysme pendant la pandémie, alors que les individus passaient encore plus de temps derrière leur écran.

«C’est le grand paradoxe de notre époque, lance, un peu découragée, Léa Clermont-Dion, dont la thèse de doctorat portait sur les discours antiféministes en ligne au Québec. Le web social donne la voix à tous les mouvements sociaux. Mais on a aussi le droit à une très grande polarisation et à des contre-discours réactionnaires, qui peuvent être violents. Malgré #MeToo et toutes ces évolutions-là, on recule.»

Cela n’empêche pas de plus en plus de femmes – et d’hommes – de refuser de se taire et de s’exprimer publiquement afin de conscientiser la population et d’encourager une mobilisation.

«La solution, c’est l’éducation, maintient Léa Clermont-Dion. Et l’éducation passe par la sensibilisation. Il n’y a rien de mieux qu’un film pour entamer des dialogues. Il faut ouvrir la discussion et ne pas faire comme si ça n’existait pas.»

Les mots ont un pouvoir, les mots ont un impact et les mots sont une arme. Quand c’est rendu que les politiciens ont des propos misogynes, il ne faut pas s’étonner qu’il y ait des individus radicalisés qui vont commettre des gestes absolument effroyables…

Léa Clermont-Dion, scénariste et réalisatrice du documentaire Je vous salue salope

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Je vous salue salope prend l’affiche en pleine campagne électorale: les réalisatrices espèrent que leur documentaire suscitera un enjeu de société.

«Il faut que les partis réagissent, soutient Léa Clermont-Dion. De toute façon, ça touche tellement les politiciennes qu’à un moment, ils devront agir. C’est nécessaire.»

Je vous salue salope: la misogynie au temps du numérique prend l’affiche au cinéma vendredi, le 9 septembre.

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