«Ne repose pas en paix»: incursion dans l’affaire Sharron Prior
La police de Longueuil vient de résoudre le meurtre d’une adolescente survenu en 1975. Il aura fallu 48 ans et de grandes avancées technologiques en matière de généalogie génétique avant de trouver le coupable du meurtre de Sharron Prior, kidnappée dans Pointe-Saint-Charles. C’est sur cette enquête que porte le nouveau documentaire Ne repose pas en paix de Noovo info, maintenant disponible sur Crave.
La conférence de presse de la police, qui annonçait avoir élucidé ce cold case mardi après-midi, venait tout juste de finir quand le documentaire porté par la journaliste Marie-Christine Bergeron est sorti. C’est que la cheffe d’antenne de l’émission d’information Le Fil 17h et son équipe ont eu un accès privilégié à l’enquête durant les derniers mois.
Si le cas Sharron Prior est tristement connu, ayant entre autres été mentionné dans la série documentaire Sur les traces d’un tueur en série, la technologie qui a permis d’identifier son assassin, un Américain nommé Franklin Romine et décédé en 1982, n’est pas encore très répandue.
C’est d’ailleurs la toute première fois que la généalogie génétique permet d’identifier un meurtrier dans l’histoire québécoise. D’où l’intérêt du documentaire: bien au-delà du fait divers, on vulgarise les étapes qui permettent d’élucider certains crimes non résolus grâce aux avancées en matière d’ADN.
Le combat d’une mère… et d’un enquêteur
La mère de Sharron, Yvonne Prior, qui a aujourd’hui 85 ans, participe au documentaire Ne repose pas en paix. Elle n’a jamais arrêté de se battre, maintenant toujours le contact avec les policiers pour garder le dossier ouvert. C’est donc extrêmement émouvant de la voir, accompagnée de ses deux autres filles, lorsque le 14e enquêteur principal à prendre le relai de l’affaire va lui annoncer que le meurtre de sa fille est officiellement résolu.
Cet enquêteur, c’est Éric Racicot. Il raconte à la caméra avoir commencé à enquêter sur le dossier alors qu’il travaillait sur un autre cold case, tentant de voir si les deux affaires étaient liées. À ça, il ne donne pas de réponse, mais il laisse entendre que le meurtrier de Sharron, qui est décrit comme un homme violent dont le lourd dossier criminel incluait d’autres viols, pourrait avoir commis plusieurs crimes semblables.
En 48 ans, 120 suspects ont été évoqués dans le dossier Sharron Prior, mais jamais le nom de Franklin Romine n’y avait figuré. Sans les avancées en matière d’ADN, le retrouver aurait été impossible, avance-t-on dans le documentaire. Si les pièces à conviction avaient été perdues ou détruites plutôt que conservées, jamais le profil ADN du tueur n’aurait pu être retracé à trois différents endroits sur la scène de crime, ajoute-t-on.
De nos jours, avoir le profil génétique d’un tueur permet de le partager dans une base de données génétiques – des bases de données privées que les entreprises choisissent ou non de partager avec les autorités. À partir de là, on peut retrouver des membres de la famille d’un suspect. Dans ce cas-ci, la police de Longueuil a dû se coordonner avec les forces de l’ordre de la Floride et de la Virginie occidentale afin de demander aux deux frères du tueur, qui résident chacun dans l’un de ces états américains, des échantillons d’ADN.
Ce sont ces échantillons qui ont permis d’obtenir la permission pour l’exhumation du tueur, enterré en Virginie occidentale. La caméra nous amène jusqu’au cimetière où le tueur a été exhumé le 2 mai dernier, trois semaines avant l’annonce de la police et la sortie du documentaire.
On comprend toute l’énergie qui a été déployée par Éric Racicot et son équipe pour résoudre le meurtre de Sharron Prior. La famille de la jeune victime peut désormais être soulagée d’une chose: elle n’a pas, comme elle le craignait, côtoyé son meurtrier sans le savoir durant toutes ces années.
Ne repose pas en paix est maintenant disponible sur Crave. Le documentaire sera présenté à l’antenne de Noovo le 2 juin à 19h puis sera disponible en rattrapage sur Noovo.ca.