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Quand l’impro rapproche les générations

Francis et Geneviève qui partagent, à 45 ans, la même passion : l’improvisation. Comme quoi, il n’y a vraiment pas d’âge pour jouer.
Francis et Geneviève qui s'affront dans la LIMBO à Boisbriand Photo: Jean-François Maltais, LIMBO 2022

En prenant place au Pub Brouhaha les mercredis à 20h, vous naviguerez entre drôleries, chants, absurdités et même parfois poésie grâce à La Ligue de Métro. Et entre deux éclats de rire, vous remarquerez certainement Francis et Geneviève qui partagent, à 45 ans, la même passion: l’improvisation. Comme quoi, il n’y a vraiment pas d’âge pour jouer. 

Parmi l’équipe des bleus se trouve Francis Lavoie qui a eu la piqure de l’improvisation il y a presque trois ans après avoir assisté à un match d’impro de son fils à son école secondaire : «À force d’aller voir ses matchs, les matchs de ses coachs, je suis allé faire des cours à Impro Sierra Montréal pour faire un camp de recrutement. À la suite du camp, j’ai été pris dans une ligue». C’est en jouant en tant que joueur substitut dans la ligue de Boisbriand qu’il a pu se démarquer. En effet, il explique que le train-train quotidien l’emporte souvent sur les matchs, et donc en l‘absence de joueurs, c’est le joueur d’extra qui embarque (et qui joue quasi plus que certains réguliers). «Ça laisse la chance de se développer», dit-il.  

Geneviève Fortier, de son côté, fait de l’impro depuis toujours: «J’ai commencé à l’âge de 12 ans, au secondaire. J’étais ben fascinée par ça, j’écoutais la LNI à Télé-Québec et même si j’étais quelqu’un de timide, à 14 ans, j’ai été sélectionné dans la L.A.I.T à St-Hyacinthe, et j’ai fait de l’impro tout mon secondaire et mon cégep». 

Francis et Geneviève sont les noyaux de leur équipe. Ce rôle de confiance consiste à décider des membres de leur formation lors des camps de sélection. Ils se sont rencontrés lorsqu’ils jouaient un contre l’autre à Boisbriand et c’est cette admiration commune qui a amené Geneviève à proposer à Francis de l’appuyer dans ses responsabilités.  

Concilier jobs de jour et passion de soir 

Geneviève, qui est dans la ligue du métro depuis sa création il y a environ huit ans, réussit à mélanger ses deux passions au quotidien. Elle est enseignante le jour et est sur scène le soir, elle qui rêvait auparavant de devenir comédienne. Elle a en effet étudié en théâtre à Ste-Thérèse et est allée faire un BAC en théâtre à Ottawa avec une spécialité en mise en scène. Ne voulant pas arrêter d’étudier, elle a fait un autre diplôme en enseignement, toujours à Ottawa: «J’ai un peu deux vies, j’ai toujours gardé l’enseignement le jour et le soir je faisais des spectacles d’humour», mentionne-t-elle.  

Francis, de son côté, est programmeur de métier, loin du monde rigolo de l’impro. Cependant, il a étudié en musique jazz, période où il a fait beaucoup de scène et où il a appris à porter une attention particulière au rythme et au différents décorums de scène.  

Se mixer 

Si parfois le mélange de générations peut créer des clashs, il permet aussi de diversifier les matchs. Comme l’explique le programmeur: «C’est sûr qu’il va y avoir une espèce de gap des générations au niveau de l’humour et des référents (…), mais à la fin c’est pas grave, parce qu’on a un objectif commun. Le but ce n’est pas juste de faire des jokes, mais bien de faire une histoire ensemble».  

Il a pu observer lors de ses formations des gens de 70 ans qui faisaient cette activité créative et confirme qu’ils le font tout aussi bien.  

Les années qui passent sont inévitables et le roulement n’est pas épargné en improvisation. La leader de l’équipe des bleus explique que plusieurs joueurs qu’elle connait, du même âge qu’elle, prennent leur retraite: «Moi, je me suis toujours assuré de continuer de jouer avec les jeunes, parce que ça te garde alerte, c’est confrontant et les plus jeunes apprécient aussi».  

L’expérience des doyens peut également servir aux plus jeunes. Cependant, il est important, pour Geneviève, de ne pas s’imposer: «Y’a des jeunes qui viennent me voir, car ils veulent mes commentaires, mais je ne veux pas devenir la moralisatrice. S’ils en veulent, ça va me faire plaisir et s’ils n’en veulent pas, je n’en donne pas».

Se laisser flotter 

Les deux noyaux de l’équipe des bleus n’ont en tout cas vraiment pas l’intention d’arrêter de jouer sur scène.  

« Je risque probablement de faire de l’impro encore un bon bout de temps. Je ne me suis jamais tanné d’un hobby du genre. Je caresse l’idée d’amener de l’improvisation plus en mode spectacle sur la Rive-Nord de Montréal », explique le joueur, qui espère être l’instigateur de nouvelles initiatives dans sa région.  

L’enseignante, quant à elle, a enchainé quelques passe-temps avant de se tanner. Avec l’impro, c’est autre chose : «C’est partie prenante de ma vie. Des fois je le sens qu’il y a un peu d’âgisme, mais je ne me pose pas vraiment de questions. Je flotte là-dedans et quand on me propose une ligue, je continue. Pour l’instant je ne me vois pas arrêter».  

Pour aller les applaudir : 

La Ligue de Métro : https://www.facebook.com/liguedemetro 

Brouhaha: 5860 Av. De Lorimier, Montréal, QC H2G 2N9 

Tous les mercredis à 20h du 25 mai au 31 août 2022  

Le respect et l’inclusion, d’abord 

Dans le but de créer un espace respectueux et sécuritaire, les différentes ligues ont mis en place des formulaires à remplir anonymement sur leurs pages Facebook dans le cas où un joueur ou une personne du public se sente mal à l’aise par rapport à une situation ou certaines paroles. 

Il y a même, depuis 2020, un regroupement nommé Rudesse, faisant allusion à une pénalité en improvisation, qui propose des ressources adaptées au milieu pour contrer les violences à caractères sexuels. Cette initiative est née à la suite de différentes situations problématiques survenues, comme le mouvement #Metoo. 

Et par souci de parité entre hommes et femmes, la ligue oblige les équipes à être formées de 50% de joueurs et 50% de joueuses. 

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