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«Across the Room»: dans l’intimité de Gabrielle Shonk

Gabrielle Shonk. Photo : Villedepluie
Gabrielle Shonk a fait paraître aujourd’hui un enveloppant second album, « Across the Room ». Photo : Villedepluie Photo: Villedepluie

Gabrielle Shonk propose ce vendredi Across the Room, son second album tout en ambiances enveloppantes portées par sa riche voix feutrée, qui se prête tant à son doux indie-rock qu’à ses influences pop rêveuse, R’n’B, soul et jazz.  

Sur cet album inspiré en partie par une peine d’amour, l’autrice-compositrice-interprète s’épanche sur des chansons qu’elle a laissé « mijoter » dans son bureau, la room du titre. Chaque jour, elle les retrouvait pour les fignoler, sans attentes, et les laisser se déployer, raconte-t-elle en entrevue avec Métro, attablée à la brasserie Harricana, dans Villeray

Bien qu’il y ait « beaucoup de tourments » dans ses chansons, « il y a de la lumière et full d’amour », lance gaiement Gabrielle, vêtue de son complet-veston ample signature. De l’amour sous diverses formes, renchérit-elle, tel l’amour propre, qui sous-tend Let’s Shine Into the Night, qu’elle a composée pour « retrouver [sa] lumière ». Et l’embrasser. 

Blocage créatif 

La sortie de son premier album homonyme, en 2017, l’a entraînée dans un « tourbillon » qui a duré quelques années.  

Lorsqu’est venu le temps de composer du nouveau matériel en vue du crucial deuxième album, la guitariste, que le grand public avait découverte au sein de l’équipe de Louis-Jean Cormier à La voix  en 2014, s’est mis beaucoup de pression, d’autant que sa chanson Habit avait connu un franc succès.  

« Je créais en étant dans le jugement et j’ai bloqué, relate-t-elle. J’avais besoin de me déposer et de digérer tout ce qui s’était passé. Je me suis demandé qui j’étais et ce que je voulais dire. » 

« Avec du recul, je ne me donnais pas assez de liberté créatrice », analyse-t-elle aujourd’hui.  

Composer sans se juger 

Puis la pandémie, et son arrêt imposé aux artistes, est arrivée. Elle s’est avérée salutaire pour Gabrielle, très consciente de son privilège de ne pas avoir souffert de cette période. Au contraire : cette pause lui a permis de renouer avec son élan créateur, qui s’était tari dans les tumultes des années antérieures.  

« Ce silence m’a permis de prendre le temps de m’asseoir avec moi-même et les tounes que j’avais composées ces dernières années, de digérer tout ça, de les laisser mûrir », explique l’artiste qui a, ainsi, recouvré la liberté.  

En s’affranchissant de la pression des attentes et autres dates butoirs, Gabrielle s’est rappelé pourquoi elle avait commencé à composer de la musique à la guitare, ado, dans le garage de ses parents à L’Île-d’Orléans.  

« Je me suis rendu compte que j’étais vraiment chanceuse de faire de la musique dans la vie. Dans un moment comme ça, je ne m’emmerde jamais », confie la musicienne, qui a quitté Québec pour Montréal il y a quelques mois. 

 J’ai arrêté de juger mon art au compte-gouttes quand les tounes sortaient de moi et je me suis reconnectée à mon amour-propre, qui s’était brouillé.

Gabrielle Shonk, autrice-compositrice-interprète
Gabrielle Shonk
Née aux États-Unis, l’autrice-compositrice-interprète Gabrielle Shonk, issue d’un père bluesman d’origine américaine et d’une mère québécoise artiste visuelle, chante depuis sa tendre enfance, à L’Île-d’Orléans, et a commencé à composer des chansons à l’adolescence. Photo : Villedepluie

Bien entourée 

Cet album d’où ressort « l’introspection, la découverte de soi, la reconnexion à soi », Gabrielle Shonk en est fière, tout comme elle est fière des personnes qui y ont collaboré, dont Jesse Mac Cormack, réalisateur d’Across the Room avec qui elle partage « une fluidité, une connexion musicale », et son éternel co-compositeur Jessy Caron, qu’elle a connu en 2008 sur les bancs de l’Université Laval durant leurs études en jazz. 

Précédemment sous l’étiquette Universal Canada (avec qui elle a rompu à l’amiable), Gabrielle lance Across the Room sous Arts & Crafts, qui avait offert à l’artiste de s’unir pour son premier album. La musicienne avait alors opté pour Universal Canada, car « un deal de major, ça n’arrive pas deux fois dans une vie ». Mais elle a sauté sur l’occasion quand Arts & Crafts a réitéré son désir de travailler avec elle. 

« Arts & Crafts étaient encore là pour moi. Ils ont embarqué dès que je leur ai envoyé mes chansons; pour eux, j’avais un album entre les mains. Et ç’a été automatique, je me suis sentie vraiment à la maison avec eux », dit celle qui s’estime profondément choyée.  

L’artiste clôt son album avec l’atmosphérique Quand le calme reviendra, écrite lors d’une tempête en Gaspésie. En créant Across the Room, le calme semble être revenu dans sa vie. 

Gabrielle Shonk est en tournée nord-américaine avec le groupe The Barr Brothers, puis avec Charlie Winston.  

Complet-veston brun à la… Dwight Schrute!  

On se doit d’aborder en entrevue le look de Gabrielle Shonk : un complet-veston surdimensionné brun ou beige qui contraste avec le rouge électrique de sa chevelure, qu’elle arbore de façon récurrente dans les clips et sur les photos d’Across the Room.  

Après sa première tournée, elle a eu envie d’un costume de scène aussi confortable qu’intéressant, un habit qui deviendrait un « fil conducteur » dans son univers visuel, explique-t-elle… « Mais qui m’enlèverait aussi la pression de me faire un kit à chaque show. C’est aussi simple que ça! », avoue-t-elle, rieuse.  

Et qui se trouve derrière cette idée audacieuse de l’ample complet sobre? Nul autre que l’iconoclaste Dwight Schrute de la série américaine The Office! « C’est 100 % mon kit Dwight! », s’esclaffe celle qui accepte avec plaisir l’épithète de « Phoebe Bridgers québécoise » que nous lui proposons.

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