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Pat Tremblay: l’intelligence artificielle au service de l’art visuel 

Photo: Gracieuseté, Pat Tremblay

On entend beaucoup parler d’artistes craignant qu’on les remplace d’ici quelques années par l’intelligence artificielle (IA), peu importe leur discipline. Ce n’est pas le cas de Pat Tremblay, qui a décidé d’exploiter cet outil dans sa pratique artistique. C’est ainsi qu’il a conçu l’illustration de la couverture du plus récent numéro de la revue 24 images, consacré au cinéma catastrophe. 

À l’occasion du lancement de la revue, qui aura lieu mercredi soir au Cinéma Moderne, Métro a discuté avec l’artiste visuel également à l’origine de deux longs métrages de science-fiction horrifique, soit Atmo HorroX (2016) et Hellacious Acres (2011). 

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Pourquoi la question de l’intelligence artificielle est-elle aussi controversée dans le milieu des arts? 

Ça ne fait pas très longtemps que l’intelligence artificielle est entrée dans le milieu. Et comme pour toute technologie, il y a beaucoup de gens qui voient ça comme une menace à leur travail. «Ah non, les robots vont voler nos jobs!» On entend ça depuis très longtemps. 

La différence aujourd’hui, c’est qu’on voit que cette IA est très efficace et s’améliore rapidement. Donc les gens craignent de ne pas s’adapter à temps ou de manquer le bateau. 

Mais toi, tu ne perçois pas ça comme une menace. 

Pas du tout! C’est clair que les jobs vont changer, mais ça va aussi créer de nouvelles jobs. C’est important de comprendre à quoi sert cet outil et de quelles façons on peut l’utiliser.  

Quand as-tu commencé à utiliser cet outil et pourquoi as-tu voulu l’inclure dans ta pratique? 

Au départ, je suis une personne très curieuse, donc tout ce qui est nouveau et qui peut m’aider à faire évoluer mon art, je vais l’essayer. J’ai commencé à tester ça depuis 10 mois. C’était plus ou moins impressionnant au début, mais c’était quand même très prometteur.  

Avec l’IA, je travaille sur un projet qui va paraître cet été. Je n’ai donc rien sorti pour l’instant, à part cette couverture [de la revue 24 images] qui cherchait un style de vieilles affiches de films catastrophes

L’équipe de la revue 24 images t’a-t-elle approché spécifiquement parce que tu fais de la création à l’aide de l’IA?  

Non, c’est moi qui savais que je pouvais faire ça en lien avec le thème, mais certains [membres de l’équipe de la revue] avaient vu ce que j’avais fait avec mon projet personnel et voulaient quelque chose dans le genre.  

Certaines personnes pourraient affirmer que l’IA a volé la job à un artiste pour faire cette couverture, mais ce n’est pas vrai, parce que je suis un artiste et ça m’a permis d’avoir du travail. De plus, techniquement parlant, cette couverture n’aurait probablement pas existé [sans l’IA], parce que la revue n’aurait pas pu se payer un artiste traditionnel pour faire une peinture de la sorte, qu’elle soit digitale ou faite à la main.  

Peux-tu expliquer ta démarche pour la conception de cette couverture? 

On peut faire de beaux trucs très rapidement avec Midjourney, mais dans mon cas, j’ai fait beaucoup de recherche pour arriver au résultat que je voulais. 

L’idée avec l’IA, c’est d’écrire des phrases [les prompts] qui décrivent ce que tu veux voir à l’écran comme résultat, mais il y a plusieurs paramètres que tu peux ajouter: l’époque, le style artistique, le type de caméra utilisé, les angles, etc.    

Pour cette couverture, j’ai fait 248 itérations. Ç’a donc pris des heures pour arriver à quelque chose d’intéressant et l’IA n’est pas encore parfaite pour certains détails. J’ai conservé deux ou trois versions, j’ai extrait les éléments que j’aimais le plus et je les ai combinés pour arriver à ce que je voulais en utilisant Photoshop. J’ai aussi fait des retouches sur ma tablette électronique pour les mains et les visages.     

Pourquoi crois-tu que les artistes devraient utiliser l’IA dans leur création? 

Les artistes ont vraiment intérêt à l’essayer pour voir où ça peut amener leur art. Il y a tellement de manières d’expérimenter avec ça pour donner de nouveaux styles et de nouveaux looks. Il y a plein de trucs ingénieux qu’on n’a jamais vus avant comme approche. C’est ça qui est fascinant avec l’outil. 

Donc tu penses que l’IA peut permettre de repousser les limites de la création? 

Absolument, en termes de temps, de qualité, d’exploration et de nouveauté. Et là, j’en parle sur le plan graphique, mais je regarde aussi dans la vidéo. Il va y avoir tellement de nouvelles possibilités et ça va démocratiser l’art. On va bientôt pouvoir créer de la vidéo de A à Z avec l’IA. Quand ça va être à point, ça va être fascinant. Ça va permettre à de jeunes artistes de faire leurs propres courts métrages, voire des longs métrages, sans avoir le problème de trouver [du financement] et d’être pris avec l’interférence des studios qui les [forcent à modifier leur vision].    

L’important, au départ, c’est d’avoir une bonne histoire, peu importe la manière que c’est fait.    

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