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Histoire de succès – Goye: l’or, la terre et le savoir-faire

Goye
Photo: Gracieuseté Audrey Mc Mahon

Artiste dans l’âme, Stéphanie Goyer-Morin ne pensait pas devenir un jour céramiste… et encore moins entrepreneure. Mais lors de son bac en arts visuels, elle découvre la sculpture, puis la céramique et c’est le coup de foudre. Depuis, sous son nom de créatrice, Goye, elle ravit nos yeux de pièces raffinées, toutes décorées de fleurs et d’or. Entretien. 


Goye artiste céramiste

Fondation: 2014
Nombre d’employés: 1 + une jeune assistante travailleuse autonome
14 points de vente au Québec et en Ontario


Comment êtes-vous arrivée à la céramique? 

«Je dirais que c’est un peu grâce à mon parcours en arts visuels et un peu dû au hasard. À la base, je faisais surtout de l’art en 2D, mais lors de mon premier cours de sculpture, j’ai eu une révélation pour vrai. Mon prof, Yves Louis-Seize, a vu que j’étais vraiment passionnée et c’est lui qui m’a parlé du programme au Centre de céramique Bonsecours. Ne sachant pas trop quoi faire avec mon bac, je suis allée là. 

Au départ, je pensais vraiment rester plus en sculpture, je ne pensais pas que j’allais tant aimer la production en série, et je ne pensais pas que j’avais la fibre entrepreneuriale. Mais ça s’est vraiment développé avec le temps.» 

Avec leurs formes épurées et leur bordure dorée, vos pièces sont facilement reconnaissables. Comment définiriez-vous votre style? De quoi vous êtes-vous inspirée? 

«Je ne saurais pas trop dire d’où vient mon style exactement. C’est très instinctif, mais c’est sûrement parti de projets à l’école auxquels se sont ajoutées des influences d’un peu partout. En tout cas, il y a un gros côté nostalgique, vintage, qui renvoie à des souvenirs d’enfance. On peut penser à des robes à fleurs, à de la dentelle. Je ne suis pas très girly dans la vie, mais ma production permet de faire ressortir plus ça de moi. Pour créer, je pars aussi de gestes que j’aime faire, de techniques que j’aime répéter.» 

Est-ce que vous vous considérez plutôt comme une artiste, comme une artisane, ou comme une entrepreneure?  

«Même si je fais des pièces utilitaires, je crois que je me vois plus comme une artiste. Je cherche plus à combler un besoin de beau qu’à répondre à un besoin fonctionnel. C’est l’fun de fabriquer des pièces qui sont aussi de petites œuvres d’art qu’on peut utiliser au quotidien. Mais, c’est sûr que je suis aussi entrepreneure. Il y a un côté de moi qui adore la planification, l’organisation et les relations clients avec les boutiques, les marchés, etc.» 

Vivre de son art, c’est le rêve de beaucoup d’artistes. À quoi ressemble votre modèle d’affaires, c’est quoi le secret?  

«Je dois dire que je fais vraiment partie des chanceux; avec la pandémie, les ventes en ligne ont explosé. Donc, je passe trois journées par semaine à l’atelier à produire pour répondre aux commandes et une autre journée à faire de la paperasse. Ça me laisse au moins une journée par semaine pour donner des cours chez moi ou chez Les Faiseurs. J’adore transmettre mon savoir-faire, ça me fait grandir en tant que céramiste et ça m’apporte aussi une stabilité financière.» 

Vous collaborez régulièrement avec d’autres artistes, notamment la créatrice de mode Noémiah, avec qui vous avez remporté la Bourse Fabrique 1840. Qu’est-ce que ça vous apporte? 

«Ce que je fais reste très personnel, mais j’adore faire des collabs. Je trouve que c’est super enrichissant de découvrir un autre métier, de partager notre créativité. Ça nous force à travailler avec d’autres contraintes qui nous poussent plus loin dans notre créativité. Je travaille effectivement beaucoup avec Noémiah, mais aussi avec une maroquinière talentueuse qui s’appelle Flechr.» 

La céramique et l’artisanat semblent avoir le vent en poupe, est-ce que vous pensez que c’est juste un effet de mode?  

«Pour la céramique, peut-être qu’il y a un effet de mode en ce moment, mais pour l’artisanat en général, je pense que c’est plus profond que ça. Je crois que les gens se questionnent de plus en plus sur leurs habitudes de consommation et l’artisanat répond à un besoin de consommer autrement. Selon moi, c’est une tendance qui va durer longtemps.» 

Comment voyez-vous l’avenir? De nouveaux projets s’en viennent?  

«Cet été, j’ai un beau défi qui m’attend puisque je suis présentement enceinte de jumelles. J’ai déjà un petit de trois ans, donc cette année on va prendre ça plus tranquille. Mais, même si je vais prendre une pause, j’aimerais profiter de mon congé de maternité pour réfléchir à faire des trucs nouveaux, peut-être voir si je lâche la porcelaine… En tout cas, sortir de la spirale de la production, ça sera l’occasion de prendre plus de temps de réflexion et de création.» 

Votre meilleur conseil pour se lancer en affaires: 

«De bien s’entourer! C’est cliché, mais j’ai vraiment beaucoup d’aide autour de moi et j’ai accès à de bonnes ressources, notamment grâce à des organismes comme Quartier Artisan. Sinon, je dirais que la qualité la plus importante, c’est la persévérance. C’est pas vrai que ça va toujours bien, mais en persévérant, on peut trouver des solutions.» 

Un.e entrepreneur.e qui vous inspire: 

«C’est difficile de nommer juste une personne, il y a tellement un beau bassin d’entrepreneurs à Montréal… Mais, il y a bien sûr Sarah [Saint-Arnaud] des Faiseurs. Elle a su créer et développer un magnifique café-atelier de céramique, où je donne d’ailleurs des cours. J’admire aussi, entre autres, le travail de la céramiste Pascale Girardin, ses installations artistiques sont super inspirantes!» 

Votre application favorite: 

«Je ne suis pas si geek que ça, mais j’utilise souvent Photoshop Express et Instagram pour retoucher et partager des photos de mon travail.»  

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