Baobab, thiéré, thiakry… Mamy Kaya fait découvrir les produits africains à Montréal
La mission de Ndiallo Aw Badji est double: elle forme des femmes d’affaires à Montréal tout en aidant des fermiers sénégalais à développer leurs terres. Cette entrepreneure à la tête de Mamy Kaya, une entreprise qui vend des produits naturels africains, a remporté plusieurs prix d’entrepreneuriat. Elle est aussi reconnue pour sa mission de développement social et économique.
«On fait du social avec notre rentabilité», explique Ndiallo Aw Badji, de son domicile à Pincourt. La femme d’affaires œuvre à «empower» les jeunes et les femmes.
Dans sa cuisine, ses enfants, qui l’aident parfois avec son entreprise, préparent des recettes avec les nombreux ingrédients naturels qu’elle vend: baobab, hibiscus, graines de moringa, thiéré ou encore thiakry. Les couleurs, les odeurs et les bienfaits de ses produits sont variés.
La distribution de ces produits est assurée par un réseau de femmes à Montréal, lesquelles sont formées pour devenir des entrepreneures indépendantes. «On leur donne les produits pour qu’elles se lancent en affaires», explique Ndiallo Aw Badji. C’est une façon «concrète» d’avoir un impact social, ajoute celle qui a une maîtrise en administration économique et sociale et un master en finances et marché des capitaux.
L’économie circulaire avant que ce soit à la mode
Dans le salon de Mme Aw Badji trône une grande toile sur laquelle sa mère est représentée. La mère de Ndiallo est la source de son inspiration entrepreneuriale. Dans les années 1950, au Sénégal, celle-ci se faisait surnommer «Mamy» par la famille française pour qui elle travaillait avant de se lancer en affaires, d’où le nom de la compagnie. «L’histoire de mon entreprise repose sur l’histoire de ma mère qui soutenait les femmes, qui les finançait», dit-elle.
Avant que ces expressions soient sur toutes les lèvres, la mère de Ndiallo pratiquait «l’économie circulaire» et le «développement durable», en aidant financièrement les femmes de son village sénégalais à se procurer notamment des graines, puis en demandant en échange de l’aide sur ses propres terres.
Bien qu’elle n’ait pas, comme sa mère, développé son entreprise au Sénégal, Ndiallo Aw Badji a voulu donner une dimension internationale à sa vision, dont la division Mamy Kaya World s’occupe aujourd’hui.
Construire des ponts entre Montréal et le Sénégal
Ndiallo revient tout juste d’un voyage «de recherche en agriculture» de plusieurs semaines au Sénégal. Sur place, elle a formé des stagiaires de l’Université Concordia à l’entrepreneuriat «d’impact». Cet impact est parfois très concret: Mamy Kaya fournit par exemple des motopompes aux villages qui ont des problèmes de puits pour permettre aux cultivateurs de se développer.
Ndiallo a aussi profité de ce voyage pour faire une conférence dans son ancienne école et pour rencontrer des regroupements de femmes, des maires, le conseil départemental et des acteurs économiques. «C’était vraiment un travail de terrain pour connaître les besoins réels», résume l’entrepreneure. Après le voyage, il faut maintenant «travailler très fort ici au Canada et au Québec pour amener des investisseurs ou des gens de bonne volonté qui veulent s’impliquer dans le développement durable».
Avant Mamy Kaya, Ndiallo Aw Badji touchait un très bon salaire dans le domaine de la consultation, mais elle était seule à bénéficier de ses réussites, fait-elle valoir. Aujourd’hui, son succès est partagé. «Quand on me demande mon chiffre d’affaires, je rigole, parce que le chiffre d’affaires du groupe, c’est le chiffre d’affaires de toutes les femmes que j’ai impactées pour qu’elles créent des entreprises».
Devant la réussite et le bel avenir de son entreprise, Ndiallo Aw Badji a pour seul regret de ne pas avoir commencé plus tôt.