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Un indice entrepreneurial qui n’indique pas grand-chose

University students studying, from above Photo: Getty Images/moodboard RF

La dernière édition du Palmarès des carrières innove en introduisant un indice entrepreneurial qui n’est finalement pas très utile.

La 13e édition du Palmarès des carrières (Septembre Éditeur) vient d’être lancée. Comme par les années passées, ce guide s’adresse aux quelque 100 000 jeunes et moins jeunes qui souhaitent s’inscrire à un programme de formation d’ici au 1er mars. Il leur présente donc les 150 carrières les plus prometteuses et les programmes de formation qui y conduisent, que ce soit au professionnel, au collégial ou à l’université.

En conséquence, il contient les mêmes renseignements importants que les versions antérieures, entre autres les perspectives d’emploi de chaque programme, une liste des établissements qui les offrent et les salaires des emplois correspondants.

Cette version du palmarès introduit néanmoins deux nouveautés qui attirent l’attention. D’abord, on y trouvera, pour chacun des 150 programmes, un indice entrepreneurial. Il s’agit en fait d’une cote qui reflète le nombre de diplômés récents qui ont déclaré être travailleurs autonomes ou avoir démarré une entreprise lors des enquêtes-relances du ministère de l’Éducation.

Un programme dont l’indice entrepreneurial est de 7 ou plus serait donc un choix intéressant pour les entrepreneurs en herbe, puisque plusieurs des diplômés récents réussissent déjà à travailler à leur compte.

Ensuite, pour ceux qui se demandent si démarrer une entreprise est une option qui leur convient, le palmarès comprend un questionnaire conçu à l’Université de Sherbrooke qui permet d’évaluer les qualités entrepreneuriales.

Ces ajouts sembleront intéressants pour les jeunes, car plusieurs sondages ont montré qu’ils sont nombreux à rêver de démarrer leur propre entreprise. Le palmarès cite d’ailleurs une étude récente de l’Institut de recherche sur les PME de l’UQTR, qui conclut que 40 % des Québécois de 18 à 34 ans envisagent un jour de devenir leur propre patron.

Or, certaines formations semblent bel et bien se prêter plus aisément au travail autonome ou au démarrage d’une entreprise, comme l’indice semble le montrer. Par exemple, les comptables qui désirent offrir leurs services de façon autonome n’ont besoin que d’un ordinateur portatif et de quelques logiciels pour ouvrir leur bureau, ce qui peut expliquer que plusieurs d’entre eux se lancent. Démarrer son entreprise ne sera pas aussi simple pour un électricien industriel, qui travaille avec de la machinerie complexe et coûteuse qu’on ne trouve qu’en grande industrie.

Preuves à faire
L’utilité réelle de cet indice entrepreneurial reste néanmoins à montrer. D’abord, avant de travailler à son compte, il est manifestement préférable pour un diplômé récent d’acquérir une expérience suffisante dans son domaine.

De plus, pour un programme de formation donné, le fait que plusieurs diplômés travaillent à leur compte peut indiquer l’absence de débouchés suffisants plutôt qu’une «ouverture» aux entrepreneurs. Les jeunes n’ont peut-être pas eu d’autre choix que d’inventer leur propre emploi.

Enfin, plusieurs des formations qui présentent un indice entrepreneurial élevé n’offrent pas d’autres débouchés que de démarrer sa propre affaire, et ce, depuis fort longtemps. C’est le cas, notamment, des programmes en architecture, en chiropractie ou encore en médecine dentaire. L’indice ne nous apprend alors rien de nouveau.

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