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Délinquance juvénile: intervenir pour faire la différence

«Ton principal outil d’intervention est ta personnalité», explique Pierre Lefebvre, éducateur spécialisé travaillant auprès des adolescents en détention provisoire. «Beaucoup de savoir-être est nécessaire, car c’est ce qu’on travaille avec les jeunes.»

Entré à 23 ans au Centre jeunesse de Cité des Prairies pour un stage, il a pris goût au métier et travaille depuis 10 ans dans des unités où, après un jugement de la cour, de jeunes délinquants vont vivre en garde fermée pendant quelque temps. «Notre rôle est de les accompagner au quotidien et de faire avec eux des ateliers cliniques.»

Essentiellement, les intervenants tentent de leur apprendre à faire de la résolution de problèmes interpersonnels, entre autres grâce à jeux de rôles, afin de trouver des solutions de rechange à la violence.

«On peut aussi leur offrir un contrat comportemental. Par exemple, si le jeune accepte d’avoir tel ou tel autre comportement, il pourra obtenir un bonus [un objet ou une permission].» S’il accepte, le jeune peut constater que son changement d’attitude a des conséquences bénéfiques, puisqu’il en résulte moins de bagarres, qu’il obtient plus facilement ce qu’il veut, que les gens sont plus gentils avec lui, etc. «Les jeunes qui sont ici n’ont jamais demandé à y être. Il faut savoir développer de la réceptivité, créer de la motivation. C’est ça notre défi dans un milieu comme le nôtre.»

Crêpes Suzette et relation d’aide

Si, dans ses loisirs, Pierre aime épater la galerie en cuisinant des crêpes flambées (il a quand même suivi des cours à l’ITHQ!), il n’a pas choisi un métier de l’esbroufe. Il a obtenu son diplôme au cégep de Saint-Jérôme et avoue avoir choisi ce champ d’études à la fois parce qu’il avait envie de travailler en relation d’aide et en raison de la palette de choix offerts. «Je cherchais quelque chose dans le domai­ne des sciences sociales. J’aime travailler avec les gens et j’ai toujours aimé rendre service. En même temps, je n’étais pas sûr de ce que je voulais faire, et cette formation était polyvalente.»

Il a travaillé auprès de plusieurs clientèles avant d’atterrir au Centre jeunesse. Son jeune âge a-t-il été un inconvénient? «À 23 ans, on risque davantage de faire fausse route, mais d’un autre côté, le contact peut être plus facile entre un jeune de 17 ans et un éducateur qui en a 20.»

Même si le milieu est difficile, car les intervenants sont en contact constant avec la détresse et la souffrance, Pierre sait qu’il peut faire une différence. «J’adore les défis et je sais que l’impact que je vais avoir sur ces jeunes-là est très difficile à mesurer de façon absolue, mais si le jeune a une carrière criminelle plus courte à cause de mes interventions ou si la gravité des délits qu’il commet va en décroissant, on peut dire que mes interventions ont eu un impact bénéfique.»

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