Soutenez

Actuaire: L'astrologue financier

Qu’ont en commun un astrologue et un actuaire? Tous deux, à leur façon, tentent de prédire l’avenir. Toutefois, l’actuaire est plutôt doué pour lire l’avenir économique. Et loin d’utiliser une boule de cristal et des cartes de tarot, l’actuaire use de ses connaissances en mathématiques appliquées, en statistiques et en théorie des risques afin de résoudre des problèmes financiers spécifiques dans plusieurs domaines.

Lorsqu’on demande d’expliquer ce qu’est l’actuariat à ceux qui le pratiquent, la réponse est toujours la même : il existe plusieurs formes et donc plusieurs définitions de la profession. Les actuaires peuvent être appelés à travailler pour un gouvernement, une compagnie d’assurances, une banque ou toute compagnie ou organisation ayant besoin de résoudre des problèmes financiers liés aux assurances ou à la prévoyance.

Mathieu Girouard, étudiant de 2e année au baccalauréat en mathématiques profil actuariat à l’Université de Montréal, illustre plus concrètement ce qu’un actuaire peut être appelé à faire: «Si une compagnie décide d’avoir un régime d’assurance dentaire pour ses employés, elle va faire appel à un actuaire pour connaître le taux de cotisation que chaque employé devra payer. L’actuaire calculera donc le nombre d’employés qui cotiseront au régime selon différents taux de cotisation par employé par paie et selon le genre d’assurance voulue. Pour cela, il devra définir le profil des employés.»

À l’aide de logiciels de programmation, de bases de données et de ses connaissances financières, l’actuaire pourra alors analyser et calculer le taux de cotisation qu’une compagnie peut demander à ses em­ployés pour qu’ils soient assurés.  

Un monde de défis

Devenir actuaire n’est pas de tout repos. Plusieurs universités offrent des programmes en actuariat ou en mathématiques profil actuariat. Toutefois, une personne qui n’a pas étudié dans le domaine pourrait en principe devenir actuaire si elle a de bonnes bases en maths.

Ce qui cause bien des maux de tête, ce sont les huit examens qu’il faut réussir pour devenir actuaire, selon la définition proposée dans la Loi de l’impôt sur le revenu. Ces huit examens réussis, une personne accède au titre de «fellow» de l’Institut canadien des actuaires (ICA), seul organisme qui régit la profession au Canada, et peut ainsi apposer sa signature sur des
rapports d’actuariat et d’autres documents officiels.

«Ce n’est pas tout le monde qui passe les huit examens, nuance Mathieu Girouard. On n’est pas obligé de les passer tous! De plus, les examens sont assez coûteux. Généra­lement, on en passe deux ou trois pendant qu’on est aux études, puis, quand on est sur le marché du travail, notre employeur nous encourage à en réussir d’autres pour devenir plus qualifié, et il couvre généralement les frais.»

Louis Adam, professeur et directeur du programme d’actuariat de l’Université Laval, abonde dans le même sens. «Le taux d’échec est assez élevé, même pour des personnes qui ont de bonnes aptitudes en maths», précise-t-il. Qu’est-ce qui attire ses élèves vers l’actuariat? «Il est certain qu’il faut avoir un désir de faire des mathématiques appliquées, mais beaucoup le font pour aider à résoudre des problèmes financiers de nature sociale et parce que ça représente un défi de taille à relever.» 

Mathieu Girouard ajoute que pour devenir actuaire, «il faut être persévérant et très autonome. Même si on a des cours préparatoires, il faut se motiver à étudier par soi-même et apprendre seul ce qu’il y a dans les livres.» Il précise qu’un bon actuaire doit avoir de l’entregent et être bon vulgarisateur. «Quand on fait un rapport à un client, on explique notre démarche et nos résultats de façon à ce qu’il comprenne ce qui se passe.»

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.