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C'est au primaire que ça se passe

Les professeurs du préscolaire et du primaire font beaucoup parler d’eux ces jours-ci. Trois études récentes ont démontré l’importance de leur travail auprès des jeunes. La première est celle de l’économiste Raj Chetty, de l’Université Harvard. Elle montre que les élèves qui ont reçu les enseignements des meilleurs professeurs au primaire sont plus nombreux à fréquenter l’université et à obtenir un emploi stable, et qu’ils gagnent souvent plus que leurs pairs. Cette découverte a permis à l’économiste de suggérer que ces enseignants mériteraient un salaire annuel de 320 000 $ par année pour leur contribution à la richesse collective.

Ensuite, l’American Psychological Association (APA) publiait récemment un communiqué de presse sur la prévention du décrochage scolaire. Ce communiqué relève plusieurs études qui démontrent que le décrochage se prévient surtout au préscolaire et au primaire. Les jeunes qui y jouissent d’une formation de qualité redoublent moins, ont de meilleures notes au secondaire et ont besoin de moins de services d’aide spécialisée.

En fait, il n’y a là rien de nouveau, mais plutôt une vérité qu’on semble facilement oublier : nos meilleurs profs devraient enseigner au primaire. Il y a plus de 20 ans déjà, l’évaluation des projets «Head Start» aux États-Unis permettait de tirer des conclusions très similaires. C’est au primaire que les jeunes apprennent les habiletés de base qui leur permettront de poursuivre leur scolarité avec succès.

Une troisième étude a d’ailleurs identifié les plus importantes parmi ces habiletés. Greg J. Duncan, un économiste de l’Université Northwestern, démontre que les jeunes qui ont bien appris l’arithmétique du primaire réussissent beaucoup mieux par la suite. Les habiletés verbales et la capacité de rester attentif permettent aussi de prédire la réussite scolaire ultérieure.

Les facultés d’éducation ont donc besoin d’attirer des étudiants enthousiastes prêts à relever ce défi, ainsi que des hommes qui pourront intervenir auprès des garçons. Malheureusement, les mauvaises conditions de travail dans le système scolaire semblent en décourager plus d’un. Aux dernières nouvelles, on ne comptait que de 5 à 9 % d’hommes en enseignement primaire, et plusieurs d’entre eux abandonneront éventuellement la profession.

Pourtant, selon Emploi Avenir Québec, le Québec aura besoin de 2 500 nouveaux enseignants au préscolaire et au primaire tous les ans entre 2008 et 2012. Quelque 8 800 professeurs prendront leur retraite durant cette période. Cette prévision et la tendance à la réduction du nombre d’élèves par classe permettent de croire que les perspectives d’emploi au primaire iront en s’améliorant. Pour répondre à ce besoin, il faudra valoriser cette profession et la rendre plus attrayante. Il faudra aussi en rendre l’accès possible à ceux qui voudraient en faire leur deuxième carrière.

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