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Jeunes diplômés défavorisés

Selon un article récent du Globe and Mail («Youth mired in joblessness facing steeper climb out», 20 juin), les jeunes du Canada souffrent d’un chômage élevé depuis la dernière récession. Leur taux de chômage atteignait en effet de 13,9?% en mai dernier, alors qu’il n’était que de 7,4 % pour l’ensemble des travailleurs. C’est presque le double, assez pour démontrer que le marché du travail les défavorise.

Aux États-Unis, où le marché du travail reste déprimé, le chômage des jeunes est encore plus important et les reportages dépeignant des diplômés universitaires travaillant comme serveurs ou concierges sont nombreux. Les jeunes sont-ils vraiment défavorisés sur le marché du travail? Les données recueillies par l’Institut de la statistique du Québec depuis 1977 nous permettent de constater que le chômage des jeunes est en effet toujours plus élevé que celui du reste de la population, souvent de 5 ou 6 points de pourcentage. 

Cette différence, qu’on nomme le chômage d’insertion,  s’observe même lorsque le marché de l’emploi fonctionne bien.
Par exemple, en 2007, juste avant la dernière récession, le taux de chômage des jeunes (les 15 à 24 ans) était de 12,5 % alors qu’il n’était que de 7,3  % pour l’ensemble des travailleurs, une différence de 5,2 %. En 2009, pendant la récession, le chômage des jeunes atteignait 15,2 %, alors que le chiffre pour l’ensemble des travailleurs n’était que de 8,5 %, une différence cette fois-ci de 6,7 points.

Comment expliquer ce chômage d’insertion? Simplement. Les jeunes diplômés qui se présentent sur le marché du travail  ont plus de  difficulté à trouver un emploi que les travailleurs expérimentés. Ces difficultés augmentent lorsque le marché de l’emploi est déprimé, comme le montrent les statistiques. Évidemment, certains diplômés souffrent moins des effets du chômage d’insertion que d’autres. Comme cette chronique l’a déjà fait valoir, plus le lien entre la formation et le marché du travail est fort, plus il sera aisé pour les nouveaux diplômés de trouver un emploi. Ceux qui ont obtenu un diplôme dans des programmes moins axés sur le marché expérimenteront souvent plus de difficultés.

Il ne faut pourtant pas croire que ces derniers seront toujours au chômage ou réduits à des emplois pour lesquels ils sont sur-éduqués. Kevin Carey, un journaliste du New Republic («Why the Media Is Always Wrong About the Value of a College Degree», 9 juin), a eu l’idée de vérifier où en étaient des diplômés sous-employés interviewés par les journaux lors de la récession de 1982. Tous poursuivent aujourd’hui des carrières fructueuses liées à leur domaine d’études.

Si vous êtes un jeune diplômé et que vous avez de la difficulté à trouver un emploi, n’allez donc pas imaginer que votre carrière est finie avant même qu’elle n’ait commencée. 

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