Que valent nos diplômes?
Avec un marché de l’emploi confronté à des récessions à répétition et un État qui joue un rôle de moins en moins grand dans la bonne marche d’une économie maintenant planétaire, plusieurs diplômés se demandent s’ils sont bien armés pour se trouver du travail.
Ce débat qui fait rage aux États-Unis depuis un bout de temps déjà trouve aussi des échos au Québec.
«C’est un débat qui a cours en permanence, affirme Diane-Gabrielle Tremblay, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les enjeux socio-organisationnels de l’économie du savoir à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Les entreprises vont très souvent dire que les jeunes ne sont pas suffisamment préparés lorsqu’ils arrivent sur le marché du travail, mais je ne suis pas certaine qu’elles ont raison.»
Cette professeure au Département d’économie et de gestion de l’UQAM croit que ce discours, en grande partie généré par les entreprises, ne montre qu’un côté de la médaille. «Les entreprises s’atten-dent à ce que l’individu embauché soit très productif aussitôt arrivé. Or, la formation, qu’elle soit universitaire ou collégiale, n’est pas faite pour qu’un individu travaille dans une entreprise précise. C’est une formation plus large, où les gens doivent apprendre à apprendre, pour continuer à apprendre tout au long de leur vie. Si on leur apprend une technique très pointue, il est fort possible que les étudiants ne puissent pas avoir la capacité d’apprendre tout au long de leur vie.»
Elle affirme que ce sont les entreprises qui sont responsables de la formation continue, et que souvent, elles n’en offrent pas assez. Diane-Gabrielle Tremblay indique d’autre part que les diplômes généraux, comme la philosophie ou l’histoire, sont de plus en plus reconnus par les entreprises puisque les diplômés de ces secteurs peuvent, par exemple, introduire des valeurs innovatrices au sein d’équipes de gestion.
«En général, l’Amérique du Nord va privilégier l’expérience et la personnalité, estime de son côté Judith Moreau, conseillère en orientation chez Brisson-Legris. L’Europe va plutôt privilégier le diplôme. La compétence reste très importante partout, mais la personnalité est très importante ici.» Cette conseillère rappelle qu’avoir un diplôme, qu’il soit spécialisé ou général, demeure la première étape à franchir.
Elle admet cependant que l’inquiétude est grande parmi les futurs travailleurs, qui se demandent si leur formation leur assurera un gagne-pain. «La jeune génération est plus impatiente que celle de ses parents. Elle veut tout avoir, maintenant. C’est pourquoi beaucoup de jeunes se demandent pourquoi rester longtemps sur les bancs de l’école alors qu’ils peuvent travailler dès 16 ans. Par contre, sans diplôme, il leur sera beaucoup plus difficile d’obtenir un bon salaire et de voir leur carrière progresser.»