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Le coronavirus a-t-il contaminé votre régime de retraite ?

Le coronavirus a-t-il contaminé votre régime de retraite ?
Photo: 123RF

Même si 83% des Québécois ont affirmé qu’ils se sentent confiants pour gérer leurs finances durant la pandémie, près de la moitié d’entre eux (48 %) s’inquiète des conséquences du coronavirus sur leurs régimes d’épargne et de retraite, selon un récent sondage de la banque TD. Pour répondre à ces préoccupations, Métro a consulté des experts en la matière.

Rassurez-vous : votre caisse de retraite n’est pas à risque, selon deux experts, bien que la situation des personnes qui sont à quelques années de la retraite peut être un peu plus incertaine que celle des jeunes travailleurs.

«Sans être alarmante, la situation peut être plus préoccupante pour une personne qui est plus près de la retraite», confirme l’actuaire en chef du Régime de rentes du Québec (RRQ), Jean-François Therrien.

En effet, si la baisse de la valeur des placements a des répercussions sur ses objectifs de retraite à très court terme, cette personne pourrait devoir continuer à travailler un peu plus longtemps, à moins qu’elle ne révise ses plans de retraite.

Mais évidemment, ces différents scénarios doivent être évalués avec un conseiller financier.

Effet variable selon son âge

16 G$ – Total annuel des entrées d’argent (prélèvements sur les salaires des cotisants) au Régime de rentes du Québec. Celles-ci sont équivalentes aux sorties d’argent, soit les rentes versées aux retraités chaque année.

Les solutions peuvent être différentes selon qu’on approche de la retraite ou non, parce qu’il est possible que la baisse récente de la valeur du portefeuille d’investissement soit temporaire.

«De façon générale, les marchés financiers connaissent un rebond considérable après une diminution importante et, s’il nous reste plusieurs années à travailler, il y a de fortes chances pour que nous récupérions les pertes subies», dit M. Therrien.

Souce : Manuvie, d’après Bloomberg

C’est d’ailleurs ce qu’indique le graphique ci-contre, qui présente l’évolution de l’indice Dow Jones depuis 1915. On y voit aussi les périodes de récession en arrière-plan, sous forme de bandes grises.

Que doit-on penser de ce graphique? Qu’à long terme, les marchés finissent par rebondir et que les baisses ne durent pas éternellement… ce qui s’applique aux régimes de retraite!

C’est d’ailleurs le propos de René Delsanne, qui a enseigné l’actuariat à l’UQAM pendant 14 ans.

«Non, nos retraites ne sont pas en danger, affirme M. Delsanne. Certaines sont très bien capitalisées, c’est à dire qu’elles ont suffisamment d’argent pour honorer leurs engagements, c’est-à-dire payer les rentiers leur vie durant.»

Dans le cas du Régime de rentes du Québec, qui fournit un revenu de retraite de base à tous les Québécois qui y ont cotisé, M. Therrien indique qu’à l’heure actuelle, les entrées de fonds, à 16 G$ par an, sont équivalentes aux rentes payées, à 16G$ elles aussi.

Le risques des taux d’intérêt

M. Delsanne est toutefois plus inquiet de la faiblesse des taux d’intérêt. Car cela met à risque les épargnants qui ont misé sur des produits plus sécuritaires, donc moins payants, généralement des travailleurs en fin de carrière. Et escompter un revenu à partir d’un capital qui rapporte très peu est difficile, voire quasiment impossible.

«La situation engendrée par la pandémie est inédite pour tout le monde, rappelle l’expert, peu d’entre nous étaient vivants lors des épidémies précédentes…»

«Ce n’est pas la première fois qu’on vit des événements dramatiques, et ce ne sera certainement pas la dernière. C’est facile de faire peur aux gens avec tous ces éléments inconnus», dit quant à lui M. Therrien.

«On va passer au travers»

«Il faut se rappeler que la récupération économique a été plus rapide que ce que plusieurs personnes pensaient à la suite de la première vague», rappelle M. Delsanne.

Il reconnait que des secteurs comme la restauration, le tourisme et la culture vivent des temps difficiles. «Mais comme société, on va passer au travers, on ne mourra pas, dit-il. Moi, je suis un optimiste et il faut éviter de s’emballer quand tout va bien et de voir tout en noir quand ça va moins bien.»

Peu d’inquiétudes aussi du côté de la capitalisation du Régime de rentes du Québec, assure son actuaire en chef.

«Un autre facteur qui fait en sorte que le RRQ est bien protégé, c’est qu’il a bénéficié d’excellents rendements au cours des dernières années. Le rendement moyen du fonds du régime de base du RRQ pour les 10 années se terminant au 31 décembre 2019 est de près de 10%. Même si le rendement devait être très négatif en 2020, le rendement moyen des dernières années resterait bien au-dessus du rendement attendu du portefeuille», explique-t-il.

Voilà de bonnes nouvelles pour rassurer ceux qui s’inquiétaient pour leurs vieux jours!

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