Le king des électros
Bien avant l’invention de Facebook, Daniel Côté partageait des articles de journaux sur son mur – dans la vitrine de son commerce, en fait, où les passants s’arrêtent pour discuter de politique entre deux électroménagers depuis 1979.
Pourquoi avez-vous décidé d’appeler votre commerce Ameublement Elvis?
Parce que c’était super important pour moi d’avoir un beau nom pour mon commerce. Si j’avais appelé ça Ameublement Daniel, j’aurais fermé après deux semaines! J’hésitais entre ça et Ameublement Beatles, mais dans le temps, Elvis était ben gros.
Vous avez l’esprit marketing?
Oui, j’aurais dû faire ça au lieu de vendeur. J’ai toujours des idées pour attirer l’attention. Pis ça marche. Toutes sortes de journalistes ont parlé de moi à cause de mon nom. Ils en ont même parlé dans le Washington Post quand j’ai ouvert un commerce à Cuba. Il y a une loi qui fait que t’as pas le droit d’apporter des objets fabriqués aux États-Unis à Cuba et un journaliste trouvait que je blasphémais le nom d’Elvis en faisant des affaires à Cuba. Franchement!
Vous avez un commerce à Cuba?
Oui. C’est le fun, travailler à Cuba – il fait chaud là-bas. C’est là que j’ai rencontré ma troisième femme, en 1992. J’aime leur mentalité. Ils ont compris là-bas que l’avenir, c’est les étudiants.
Pourtant, vous étiez contre les étudiants au printemps 2012, non?
Non! J’étais avec eux, mais j’étais contre la gratuité, parce que c’est pas possible, et contre la manière.
Vous êtes contre les manifestations?
Oui. On devrait faire en sorte que toutes les manifs se tiennent sur l’île Sainte-Hélène: on deviendrait le premier peuple à manifester dans un endroit où il n’y a rien à casser!
Le drapeau gai que vous avez mis devant votre commerce, c’est un autre statement politique?
J’ai mis ça pour les olympiades, pour soutenir les homosexuels en Russie. J’ai même pas été capable de mettre le drapeau du Canada. C’est grave, hein?
Êtes-vous un vrai fan d’Elvis?
Oui, mais les objets de collection, c’est des clients qui m’ont donnés ça. Tu vois le miroir d’Elvis avec le drapeau de Cuba? C’est Raul Castro qui m’a donné ça, mais dans ce temps-là, je savais pas c’était qui! Y’a des gens qui veulent me les acheter, mais je ne les vends pas.
Qu’est-ce que vous aimez dans le fait de vendre des meubles?
Jaser avec le monde. Juste en parlant au monde de leurs électros, je suis capable de comprendre qui ils sont, leurs problèmes, leurs insécurités. Moi, je ne suis pas un vendeur. Ce que j’aime le plus, c’est l’été, quand j’installe des bancs devant mon commerce, pis qu’on jase de politique. On ne change jamais le monde, mais les discussions, sur le perron, ça finit toujours bien. Ici, on peut se parler sans qu’il y ait de chicane.