La valeur de l’éducation
Le savoir et l’éducation possèdent une grande valeur. Cela dit, nous ne pouvons ignorer leur pouvoir de créer de la richesse. Le débat sur la marchandisation de l’éducation a repris de plus belle depuis le début de la grève étudiante. Plusieurs jugent l’augmentation prévue des frais de scolarité comme étant la preuve que le gouvernement Charest ne considère plus l’éducation comme un droit fondamental qu’il faut garantir à tous. Pour eux, cette augmentation participe d’une philosophie néolibérale, qui présente l’éducation comme un investissement par lequel nous préparons notre avenir. Selon ce néolibéralisme, chacun est libre d’investir dans son éducation autant ou aussi peu qu’il le désire. Évidemment, plus on investit, plus on espère un bon rendement sur son investissement. Les programmes de formation offrant les meilleurs rendements devraient donc, selon cette logique, être les plus populaires.
Il est vrai que cette façon de concevoir l’éducation peutparaître odieuse. On se demande parfois si ceux qui adhérent à ce point de vue n’ont pas choisi leur formation comme on achète une action sur le marché boursier, c’est-à-dire sur la seule base du gain financier potentiel! Ces personnes ne connaîtront peut-être jamais la joie de découvrir la pensée d’un auteur génial. Je me souviens encore de mon emballement lorsque j’ai découvert les travaux du sociologue Anthony Giddens durant mes études. Elles ne comprendront peut-être jamais non plus l’enthousiasme qui habite le jeune chercheur qui vient juste de faire sa première découverte et pour qui l’univers commence à dévoiler ses secrets. Ces expériences ne sont possibles que pour ceux qui considèrent que le savoir possède une valeur en soi, indépendamment de son apport économique éventuel. L’éducation, qui est la façon que nous avons inventée pour transmettrele savoir, possède aussi la même valeur.
Néanmoins, il ne faut pas être trop romantique. S’il est vrai que le savoir possède une grande valeur en soi, il est aussi vrai qu’il permet de créer de la richesse. L’histoire contemporaine est pleine d’exemples d’hommes et de femmes qui ont transformé des savoirs développés par les sciences pour créer de la richesse, des industriels du début du XXe siècle, comme Henry Ford ou Andrew Carnegie, jusqu’aux bonzes de l’informatique d’aujourd’hui, tels que Bill Gates et Steve Jobs. Comme conseiller, je remarque qu’au départ, la plupart de mes jeunes clients ne se sentent pas concernés par ce débat. Ils désirent tout bonnement choisir une formation où ils auront accès à des savoirs intéressants et qui leur permettra de bien gagner leur vie par la suite. Ils ne désirent pas s’ennuyer en étudiant des «affaires plates», mais ne désirent pas non plus devenir des chômeurs instruits.
C’est mon rôle de les aider à réconcilier ces attentes qui sont parfois contradictoires, mais qui restent pourtant tout à fait légitimes.