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Trop de maths pour rien

High School Student Working With Graph Photo: Métro

Les exigences trop élevées en mathématiques découragent les jeunes de s’inscrire à des formations collégiales prometteuses.

Le ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MEESR) désire réduire les préalables en mathématiques de 22 programmes de formation collégiale, selon Le Journal de Montréal. Il s’agit de programmes qui offrent de très belles perspectives d’avenir à leurs diplômés, mais que les jeunes boudent. On pense entre autres à plusieurs programmes techniques préparant aux domaines de la fabrication et de l’industrie, par exemple les techniques de l’électronique industrielle ou les techniques de procédés chimiques, bien que la
liste complète n’ait pas été communiquée.

Deux raisons peuvent expliquer le manque d’inscriptions dans ces formations. La première est que les jeunes ne se sentent pas attirés par ces programmes – ni par le travail en industrie d’ailleurs. La deuxième est que l’admission à plusieurs de ces formations exige la réussite des mathématiques avancées au secondaire. Les jeunes qui ont éprouvé des difficultés dans cette matière préféreront donc s’inscrire ailleurs. Par comparaison, plusieurs formations universitaires n’exigent pas beaucoup de connaissances mathématiques préalables, mais comme j’en discutais dans ma dernière chronique, leurs perspectives d’emploi sont souvent moins bonnes.

Les employeurs se plaignent depuis des années maintenant que le nombre d’étudiants inscrits à ces formations techniques est insuffisant pour combler leurs besoins. Cela conduit à l’incapacité de pourvoir certains postes-clés, ce qui empêche les entreprises de croître et même de créer d’autres emplois. Réduire les préalables en mathématiques du secondaire semble donc une bonne idée, car plus de jeunes seraient en mesure de s’inscrire à ces formations. Mais jusqu’à quel point les réduire? Déjà, des enseignants appartenant à l’Association mathématique du Québec s’opposent aux changements proposés par le ministère, car ils craignent un nivellement par le bas et un manque de préparation des jeunes aux mathématiques du collégial.

Mais est-il possible justement que les mathématiques enseignées dans ces formations collégiales ne soient pas toujours nécessaires pour les postes visés? L’expérience actuelle de la formation en informatique permet de se le demander. Des formations courtes apparaissent partout en Amérique du Nord, par exemple DecodeMtl dont j’ai discuté récemment. Elles ont en commun d’aborder la formation des techniciens comme s’il s’agissait de l’apprentissage d’un métier, d’une série de savoir-faire qui s’ajoutent les uns aux autres. C’est cette approche qui leur permet de former et de placer de jeunes programmeurs qui n’ont pas de préalables en mathématiques, ou qui en ont très peu; alors que le DEC en informatique exige toujours d’avoir complété des mathématiques avancées au secondaire.

Admettons-le, au cégep, augmenter les exigences en mathématiques n’a souvent d’autre but que de faciliter la sélection des élèves. On prive ainsi plusieurs d’entre eux de l’accès à une formation prometteuse. Une réflexion s’impose sur les maths vraiment nécessaires dans chaque programme de formation!

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