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La réorientation, deux fois plutôt qu’une

Hand holding clipboard with checklist and pencil. Photo: Métro

Changer de carrière, révolutionner sa vie professionnelle : cela évoque pour beaucoup d’entre nous une idée d’inconfort et de profonde remise en question. Et pourtant, la transition coule parfois de source.

Écouter son flair et ses envies : voilà ce qui guide le parcours professionnel de Gilles Carde. Dans un monde idéal, il aurait été pompier. Mais ses aspirations sont contrecarrées quand on lui découvre une malformation asymptomatique. Rien de grave, mais cela suffit à compromettre toute embauche comme pompier. Il renonce donc à ce métier, alors qu’il est encore en formation. Déçu sur le coup, il rebondit assez rapidement. De fil en aiguille, sa réflexion sur son avenir professionnel le mène au métier de rembourreur.

«À quelques reprises, j’avais ramassé des meubles ou des fauteuils à retaper. J’aimais ça, mais je me trouvais assez vite limité.» Quand il visite l’atelier de formation du DEP, il est séduit d’emblée par le côté artisanal et manuel.

Deux ans et un diplôme plus tard, il ouvre boutique avec un collègue. Les clients sont au rendez-vous, l’affaire roule. «Mais à un moment, je me suis aperçu que je ne me voyais pas faire ça toute ma vie. Je pense que je n’ai pas assez l’esprit entrepreneur pour ça. Quand tu travailles à ton compte, tu dis oui à tous les contrats, tu embauches pour fournir, puis tu dois t’assurer d’avoir toujours assez de contrats pour garder tes employés. Il y a une certaine pression qui vient avec cette spirale, et je n’avais pas envie de la vivre.»

«Le changement reste pour moi quelque chose de motivant plutôt que stressant.» –Gilles Carde

CARRIERES_gilles-carde_c100Ère pré-internet oblige, c’est à la bibliothèque que Gilles Carde va fouiner, en quête d’un métier qui lui conviendrait mieux. Il en ressort avec des bottins de formations sous le bras. Un peu de lecture, quelques hésitations, et c’est l’assainissement des eaux qui l’emporte. Porté sur les questions environnementales, il y voit une occasion d’allier le travail manuel à l’implication dans un domaine qui lui tient à cœur. «C’était la première fois que j’étudiais avec autant d’envie d’apprendre et de comprendre», dit-il à propos de son DEC. Il décline la possibilité d’entrer au service de sa municipalité, par crainte que le travail soit trop routinier, et opte plutôt pour un emploi auprès d’une entreprise qui cherche à implanter un système de traitement des eaux usées. Tout est à faire; le défi est grand, mais formateur. Un premier contrat qui lui ouvre les portes d’une autre entreprise, où il s’installe durablement.

Son parcours n’est pas linéaire pour autant, entremêlé d’expériences de travailleur autonome. Il s’essaye un temps comme consultant dans son domaine et donne des cours au cégep, un peu par besoin de changer d’air, beaucoup par curiosité. Quand il quitte son emploi, c’est sans filet de sécurité ni économies de côté, mais conforté par le fait qu’on embauche dans son secteur. «Je ne suis pas inquiet de ne pas savoir ce qui va se passer demain, et je n’ai pas peur d’essayer des choses différentes. Si ça ne marche pas, ce n’est pas grave.» Un pari qui peut sembler osé, un parcours tracé en pointillés, pas moins évolutif pour autant. Aujourd’hui coordonnateur du service technique de son entreprise, il rêve sereinement à son prochain projet professionnel. «Pour moi, le changement reste quelque chose de motivant plutôt que stressant.»

L’art de la réorientation
«Pour un même champ professionnel, il existe différentes réalités de pratique, des cultures d’entreprise ou des conditions de travail diverses… Parfois, il faut commencer par évaluer l’intérêt de magasiner un autre employeur plutôt que d’envisager un changement drastique», explique le conseiller d’orientation Érick Beaulieu. Celui-ci estime qu’environ un tiers de sa clientèle aboutit à une réorientation. Les autres découvrent que ce sont leurs conditions de pratique qu’ils éprouvent le besoin de changer, tout en voulant rester dans le même secteur.

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