Tristan: Mode au bord du canal de Lachine
Il y a 30 ans, avant que ce quartier ne devienne branché, la chaîne de vêtements Tristan construisait ses bureaux dans Griffintown, tout près du bassin numéro 4. Le président de l’entreprise, Gilles Fortin, revient sur cette décision, de même que sur les stratégies qui permettent au détaillant de garder la tête hors de l’eau en dépit du climat actuel. Visite guidée.
En 1985, Griffintown était loin d’être le quartier en vogue qu’il est devenu aujourd’hui, avec les abords du canal de Lachine. «Griffintown était un véritable dépotoir le long du canal, témoigne Gilles Fortin. Nous étions [cependant] convaincus qu’il était à peu près impossible qu’une voie d’eau navigable en plein coeur d’une ville de la taille de Montréal ne se développe pas un jour.»
C’est ainsi que Tristan s’est installée à quelques minutes à pied d’une station de métro, tout près du centre-ville, «un environnement agréable pour les employés», plutôt que sur la voie de service de l’autoroute métropolitaine, voire à Chabanel. Certes, il y a eu des concessions à faire sur le plan de l’aménagement de l’entrepôt, entre autres, mais oeuvrer dans un immeuble plus compact a aussi ses avantages, soutient l’homme d’affaires. «Nous avons installé des racks sur plusieurs niveaux, ce qui fait que les employés ne sont jamais loin les uns des autres. Pour avoir la même capacité sur un seul niveau, il faudrait un bâtiment quatre fois plus grand!»
Cette structure à la verticale représente aussi le modèle d’affaires de l’entreprise, qui ne se contente pas de créer des vêtements à Montréal. Tristan possède également deux usines (à Farnham et à Cookshire), en plus de 50 magasins au Canada. Au total, 30 % de la production est assurée ici, le reste étant confectionné par des sous-traitants de confiance, surtout en Asie.
Gilles Fortin pousse l’analyse plus loin : l’intégration verticale a permis à Tristan de survivre en ces temps de turbulence pour le commerce de détail, en particulier dans le domaine du prêt-à-porter. «Si on n’avait pas, dès le début, eu le goût de fabriquer nous-mêmes et d’implanter une structure verticale, on ne serait tout simplement plus là», souligne-t-il.
Tristan est donc toujours debout, tant et si bien que de nouveaux magasins pourraient ouvrir «dans l’hémisphère Nord et en Amérique du Sud». Les négociations sont actuellement en cours, précise le président.
Soldes réfléchies et stratégies vertes
Si la chaîne a à coeur la production locale, elle tente aussi de faire sa part pour la réduction des déchets, notamment en récupérant les cintres de plastique de ses magasins situés dans la région métropolitaine. «Dans les centres commerciaux, les bacs en sont pleins. C’est épouvantable!» s’exclame M. Fortin.
De même, les boîtes en carton utilisées par les sous-traitants pour expédier la marchandise au siège social sont soigneusement défaites, puis vendues. Les vêtements sont ensuite réexpédiés dans les boutiques dans des caisses en plastique réutilisables. «Ça évite de retrouver des boîtes en carton neuves dans les containers et ça leur donne une deuxième vie», se réjouit-il.
Autre stratégie : le concept «Tristan chéri». Depuis un peu plus d’un an, les articles qui se vendent le mieux ne sont jamais offerts à rabais. «On s’est aperçus que nos clients attendaient les soldes, et avec raison, car les détaillants en font à outrance. Il n’y a rien de plus frustrant que de voir sa jupe à 50 % de rabais le lendemain matin, juge M. Fortin. Si les clients retiennent leur décision d’achat, on est puni par où on a péché!»
Pour l’automne 2016, Tristan mise à la fois sur des pièces sobres, comme de petites robes dans des tons de marine, de gris ou de beige, mais aussi sur des éléments aussi tendance que les pulls surdimensionnés. Du côté de la collection pour hommes, le denim s’impose, de pair avec des chemises à motif jacquard et des vestons de laine.

