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Retour des bals: soupir de soulagement pour les fondations 

Photo: Bruno Guérin

Les bals sont traditionnellement un moment pour lever des fonds et attirer l’attention sur une cause (sauf celui de Bridgerton, on s’entend). Pandémie oblige, ils ont dû s’effacer de nos calendriers pendant deux ans et les fondations qui les organisent ont ainsi perdu des occasions de renflouer leurs coffres. Mais, elles ont aussi gagné une occasion de se réinventer! 

La Fondation du Musée d’art contemporain de Montréal, qui organise annuellement les Printemps du MAC, le bal du MAC et le Symposium des collectionneurs, a perdu plus d’un million de dollars en ne pouvant pas tenir ses trois événements durant les deux dernières années. 

À la Société canadienne du cancer, qui tient chaque année le Bal de la Jonquille, ce sont 80 millions de dollars qui ont été perdus à l’échelle du pays. À lui seul, le bal montréalais amasse d’habitude plus ou moins 1,5 million de dollars tous les printemps. 

Quant à la Fondation CHU Sainte-Justine, l’équipe s’attendait à ce que 40% des revenus s’envolent. Finalement, elle n’a subi aucune perte financière, malgré l’absence du Bal de Sainte-Justine et des autres activités en présentiel de la programmation événementielle. 

«L’équipe et les bénévoles ont vraiment travaillé d’arrache-pied pour qu’il n’y ait pas d’impact financier, parce que c’est gigantesque le soutien que la Fondation apporte à l’hôpital», explique Delphine Brodeur, la présidente et directrice générale de la Fondation CHU Sainte-Justine.  

Se réinventer 

Toutes les fondations ont cherché (et trouvé!) des solutions de remplacement pour amasser des sous. Liette Guertin, directrice des dons exemplaires et d’entreprise et responsable du Bal de la Jonquille, affirme qu’elle et son équipe ont été capables d’aller chercher 800 000 $ pour pallier le bal, l’an dernier. «On a fait une campagne de sollicitation auprès des leaders d’entreprises, qui sont ceux qui généralement achètent des tables et font des dons. On a quand même tiré notre épingle du jeu», dit-elle.  

Cette année, ce sont 1,2 million de dollars qui ont été récoltés au bal, même s’il s’est tenu avec seulement 300 personnes, le mois dernier. C’est moitié moins qu’à l’habitude, mais ça n’a rien enlevé au succès, qui n’était pas que pécuniaire: «Les gens étaient contents de se retrouver, c’était difficile de les faire asseoir à leur table!», assure Liette Guertin.   

Francis Guindon, coprésident du comité de bénévoles des Printemps du MAC, raconte comment lui et les autres volontaires ont voulu «être innovants » dans un contexte pandémique en proposant un encan virtuel comme alternative à l’événement, l’an dernier. Le succès a été tel que cet encan d’œuvres d’artistes québécois.es et canadien.ne.s a été de retour cette année, en plus de la soirée qui a finalement pu avoir lieu vendredi dernier.  

Et les philanthropes de la métropole étaient enthousiastes de pouvoir à nouveau revêtir strass et paillettes! L’événement affichait complet, remplissant l’Auberge Saint-Gabriel de 800 convives qui avaient suivi le thème annoncé il y a deux ans déjà, Hasard Bazar, un hommage au courant surréaliste. 

L’organisation du bal voulait également être prudente, d’où le choix du lieu, qui permettait de diviser la foule dans différentes salles. «On n’a pas fermé les yeux, lance Francis Guindon. Ce n’est pas parce qu’on n’a plus besoin de porter le masque qu’on revient pré-2020. On ne voulait pas être le party qui aurait amené la huitième vague à Montréal!» N’empêche, l’endroit était plein à craquer, mais ça n’a que contribué à faire lever la soirée.

Pousser la réflexion plus loin 

Du côté de Sainte-Justine, beaucoup d’efforts ont été mis dans l’organisation d’activités virtuelles, ce qui a permis de rejoindre un public plus large, notamment hors de la région métropolitaine. Bien sûr, comme les autres fondations, celle-ci a proposé aux détenteur.trice.s de billets de l’édition 2020 du bal de convertir leur achat en dons. Cependant, rien n’a été mis en place spécifiquement pour remplacer la soirée l’an dernier, laquelle n’est pas non plus au calendrier cette année.  

C’est que le Bal de Sainte-Justine engendre des frais plus importants que d’autres activités, avoue Delphine Brodeur. L’équipe de la fondation a donc profité de la pandémie pour mener une réflexion globale sur sa programmation événementielle.  

«On est en train de réfléchir pour avoir une approche événementielle plus évolutive pour nous permettre d’aller dans différentes sphères d’activités, donc de saisir des opportunités et de renouveler notre offre, résume la présidente et directrice générale. On est en train de faire une réflexion basée sur des succès qui ont été mis en place dans l’urgence d’agir, mais qui ont quand même été une ouverture vers l’innovation. Ça nous a permis de brasser les paradigmes tous ensemble dans un contexte où on n’avait pas le choix de le faire.» 

Les membres des trois fondations s’entendent: les deux dernières années pandémiques, ç’a été une période difficile, mais transformatrice. Les événements au format hybride (mi-présentiel, mi-virtuel) risquent de perdurer, la générosité du public a été plus qu’appréciée et le retour à une vie normale fait pousser à tout le monde un soupir de soulagement. 

«D’une manière tout aussi efficace, mais avec moins de moyens, on a été capables de livrer ce qui est au cœur de notre mission. Je pense qu’on a de quoi être fiers», conclut Liette Guertin.   

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