Ouioknon: la quête aux pépites du web
Vous aimez l’humour décalé? Le sentiment de surprise quand ce qui est dit est complètement déconnecté de la personne qui le dit? Par exemple une personne âgée qui dit des énormités, Jean Airoldi qui balance des insultes vestimentaires, Yves P. Pelletier dans Karmina qui pose une question sexu. Eh bien, on a la page de mèmes idéale pour vous: ouioknon.
Vous partagez leurs mèmes tous les jours, mais ne savez absolument rien sur eux et elles. Avec la série «Vu de mème», Métro lève le voile sur leurs créateur.trice.s, ces vedettes inconnues des réseaux sociaux.
Derrière cette page Instagram qui compte plus de 13 000 abonné.e.s se cache Louis Cliche, un Montréalais de 34 ans. Dans la vraie vie, Louis est lead brand designer pour une compagnie privée, un métier auquel il ne pensait pas être destiné.
«J’ai un background en théâtre et en impro. Vers la mi-vingtaine, je me suis rendu compte que ce que je pratiquais depuis l’enfance ne m’intéressait plus tellement. Je suis retourné à l’école en design graphique et je pratique depuis cinq ans, raconte-t-il. Aujourd’hui, je lead une équipe en marketing, réseaux sociaux et design de marque.»
Créatif, curieux et toujours partant pour s’amuser, Louis, qui réside à Hochelaga et a grandi à Boucherville, considère que sa page de mèmes reflète complètement sa personnalité.
Ses inspirations? L’art sous toutes ses formes, mais aussi et surtout la culture populaire, en particulier celle du Québec des années 1990 et 2000, qui le fascine. Sur ouioknon, il n’est donc pas rare de croiser des icônes québécoises comme Céline Dion, Véronique Cloutier ou Mitsou, qui sont bien souvent ses muses.
Ce que Louis aime avant tout, c’est l’humour spontané, improvisé, et parfois cru, qui relève de l’anecdote. Ne lui suggérez pas de regarder une comédie à la télé, il ne rira pas, avoue-t-il. Par contre, les stories de Rosalie Vaillancourt et Maude Landry le font se bidonner.
Une passion de toujours
Si ouioknon est la première page publique où il partage ses trouvailles, son amour fou pour les mèmes ne date pas d’hier. Sur Twitter, Reddit, et même Myspace, aussi loin qu’il s’en souvienne, Louis a toujours été en quête des meilleurs mèmes et autres vidéos amusantes. «Même enfant, je téléchargeais des vidéos drôles sur Limewire», se souvient-il.
Et c’est justement sa capacité à dénicher des pépites qui a fait son succès sur Instagram. En scrollant par-ci par-là, il enregistre tout ce qui le fait rire, puis lorsqu’il en a assez, il publie des compilations sur sa page. Ces petites perles du web l’inspirent aussi dans la création de ses propres mèmes, dans lesquels il aime bien insérer une chanson québécoise dite quétaine dans une vidéo qui n’a aucun lien avec la toune.
«Ce qui me distingue, c’est la surprise. Tu ne sais jamais ce que tu vas voir sur ma page», affirme-t-il.
Surpris, on l’est assurément quand on fait défiler ses carrousels hilarants qui mêlent vidéos improbables, mèmes, images d’archives, et références québécoises. Un beau mélange donc, qui lui permet de ne pas se restreindre à un type de contenu en particulier.
«Quand j’ai créé ce compte, je publiais exclusivement du contenu LGBT, pis j’me suis dit “hey j’suis pas un personnage gai de téléroman des années 90, être gai ce n’est pas un trait de personnalité”. Je peux avoir plus qu’une niche et peut-être que ma niche, c’est de ne pas en avoir tant que ça», résume-t-il.
Rien de sérieux?
Malgré la popularité grandissante de sa page, Louis ne s’enfle pas la tête ni ne craint de perdre un jour ouioknon aux mains de pirates malveillants.
«Plus on est de fous, plus on rit! Ma communauté comprend exactement mon humour. Je parle avec beaucoup de mes abonnés quand je sors et mes amies font mon PR [rires]. Des fois, je stresse de savoir que des milliers de personnes me regardent dire des niaiseries en story, mais j’me rassure en me disant qu’ils skippent ben vite», raconte-t-il.
Chose certaine, même si la page se volatilise, il ne compte jamais arrêter sa quête d’images rigolotes et de fous rires sur le web. «J’adore faire ça et je vais probablement encore le faire à 50 ans!», assure-t-il.
En attendant, en plus de son travail et d’Instagram, Louis se consacre également à l’art visuel. Sous le pseudonyme de Clic, il crée des collages minimalistes aux allures vintage. Au cours des dernières années, il a eu la chance de faire plusieurs projets et expos.
«J’ai été exposé dans plusieurs théâtres [Usine C, Centaur, La Chapelle], des éditoriaux de magazines, des plateaux de télévision, des affiches de festival, et j’ai beaucoup aimé donner des ateliers à des enfants à MTL en Arts.» À suivre!