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Le guide du salon de tatouage «legit» 

Au Québec, les salons de tatouage ne sont pas encadrés par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Photo: iStock

Vous venez de découvrir le travail d’un.e nouvelle artiste tatoueur.se sur Instagram et ça vous donne le goût? Comment savoir que l’endroit trouvé est sécuritaire pour vous faire tatouer? C’est la question que Métro a posée à Angel Gonzalez, tatoueur d’expérience certifié, qui travaille au salon Casse-Tête de Verdun.  

Au Québec, les salons de tatouage ne sont pas encadrés par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Autrement dit, aucune norme sanitaire n’existe, malgré une demande en ce sens du Collège des médecins en 2019. 

Contacté par Métro, le MSSS a affirmé ne pas prévoir créer d’encadrement supplémentaire de sitôt. Il «mise plutôt sur la diffusion d’information sur les pratiques à risques réduits entourant ces services».  

À l’aide d’un tatoueur expérimenté, Métro vous indique à quoi prêter attention avant que l’artiste imprime une nouvelle œuvre permanente sur votre épiderme. 

Angel Gonzalez au travail / Crédits photo : Devin Goheen

Angel Gonzalez, qui porte le nom d’artiste Spicygonz, est tatoueur depuis environ six ans. Autodidacte, il a commencé sa pratique chez lui, seul, puis est allé chercher de l’expérience dans des salons avec des collègues. C’est maintenant dans un salon verdunois qu’il exerce son métier au quotidien.  

Comportement de l’artiste 

La base, c’est que l’artiste qui vous reçoit soit respectueux.se et accueillant.e. 

Ensuite, observez l’ambiance générale: celle-ci doit idéalement être chaleureuse et sécurisante. «Dans un tattoo shop, c’est pas juste une personne, c’est le tattoo shop au complet, la team», dit Angel. 

Au Casse-Tête, des affiches rappellent à tout le monde, même aux client.es, que les commentaires irrespectueux et discriminatoires ne sont pas tolérés, et ce, pour qu’un bon climat y règne. 

Pour Angel, ce n’est pas que les mots qui comptent, mais aussi les actions. À l’arrivée du client ou de la cliente, il lui offre un verre d’eau, verbalise de quoi aura l’air la séance et propose un coussin pour plus de confort. Le tout continue durant la séance. 

«Pour moi, c’est de proposer […] un petit jus s’ils sentent que leur pression est basse et être clair [au sujet du fait] qu’ils peuvent prendre des pauses quand ils veulent: ne jamais rusher un tatouage. C’est vraiment dans des comportements comme ça que les gens se sentent plus à l’aise et peuvent avoir une meilleure séance de tatouage», explique Spicygonz. 

Nudité 

Peu de situations expliquent que vous devriez avoir à vous mettre à nu pour vous faire tatouer. Oui, même si vous recevez un nouveau tribal sur le sternum. 

«Si la personne ne se sent pas à l’aise d’enlever sa brassière ou son chandail pour que je tatoue cette partie-là, je comprends totalement et je ne vais jamais lui demander d’enlever [ses vêtements]. Je vais lui donner des essuie-tout [et du ruban adhésif] afin qu’elle dissimule les parties à cacher», mentionne Angel. 

Il est d’ailleurs conseillé de porter des vêtements amples et confortables pour que votre peau ne tire pas. Ça facilitera le travail de l’artiste, et vous évitera de devoir enlever des morceaux et de vous recouvrir ensuite.  

Angel propose également une solution pour les salons à aire ouverte qui rendent difficile l’intimité: des paravents. Cela permet de «rendre une séance plus privée, moins visible par tout le monde, parce que c’est sûr que tu te sens vulnérable et exposé» quand il y a beaucoup de gens autour.  

La sécurité d’abord 

Pour s’assurer d’une expérience sécuritaire, il y a quelques éléments à observer. 

  • La station de travail de l’artiste doit être désinfectée avant et après chaque séance de tatouage.  
  • Dès qu’un tatoueur vous touche la peau, il doit porter des gants.  
  • À la fin d’un tatouage, si l’artiste veut faire une vidéo, il va prendre son téléphone d’une main nue et propre, et passer l’essuie-tout sur le tatouage avec l’autre main, qui est protégée par un gant. 
  • Les aiguilles doivent être stériles, déballées devant vous et à usage unique: «Habituellement, un tatoueur ne va pas déballer les aiguilles avant ton tatouage. Il va les déballer devant toi […] quand la séance commence», mentionne Angel. Même chose pour les pochoirs (qui servent à reproduire le dessin sur la peau) et les plastiques, qui doivent être stériles et à usage unique.  
  • Dans chaque salon, il doit y avoir des contenants pour les aiguilles (sharp box). Ces poubelles spécialisées sont gratuites en pharmacie et sont ramenées aux professionnels de la santé lorsqu’elles sont pleines pour qu’ils s’en débarrassent de manière sécuritaire.  
  • Les sacs poubelles dans les salons de tatouage doivent être manipulés avec des gants pour éviter la contamination croisée. 

Séminaire pour la prévention et le contrôle des infections 

«Il y a des certificats, qu’on appelle Progressive Mentorship, que les tatoueurs peuvent faire. Ils proposent des séminaires pour le contrôle et la prévention des maladies transmises par le sang. Ça enveloppe aussi tout ce qui touche à l’équipement de protection personnelle».  

Ce séminaire est dirigé par un collectif de tatoueurs de longue date depuis 2014. L’initiative est née pour pallier le manque d’encadrement et de règlementation dans l’industrie. Il est suggéré aux artistes de suivre les formations une fois par année pour que ceux-ci restent à jour dans les techniques à adopter et se rafraîchissent la mémoire. Angel l’a fait et le recommande aux artistes du milieu. 

«Ce n’est pas uniquement tes clients que tu protèges [avec la certification], mais tu te protèges aussi toi-même. Ça rassure tes clients [à propos de] de ton attention» à leur bien-être.  

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