Qui est ce coureur des neiges, torse nu en short à -10°C?
Guy Giard, un Montréalais de 63 ans, court torse nu été comme hiver, même s’il se dit timide. Un nez rouge toujours dans sa poche, pour saluer les passants, le clown humanitaire aux allures de vacancier du Sud qui semble égaré dans la neige adore le contact direct de l’air avec sa peau. Qu’il n’en déplaise, il ne changera pas son look!
L’hiver, Guy Giard, surnommé Monsieur Bonheur par certains, se lève avec le soleil. Il boit sa demi-tasse de café et regarde la météo. Raisonnable, le charismatique à la voix douce préfère le footing quand la température reste au-dessus des -15 degrés Celsius, quand le vent est faible et qu’il y a un beau soleil. La météo est idéale alors il enfile son short, son t-shirt, ses chaussures aquatiques orange fluo à crampons, sa banane et son sifflet en cas de chute. Monsieur Bonheur est téméraire, mais prudent!
Le vacancier du Sud-Ouest à l’année
Tout a commencé l’été de ses 60 ans quand Monsieur Bonheur s’est mis à courir, poussé par la «frustration de la quarantaine» pendant la pandémie. Envahi par la canicule estivale, il a eu tellement chaud qu’il a dépassé sa timidité et a retiré son t-shirt. Il ne l’a plus jamais remis! L’été indien est arrivé, suivi des arbres ornés de flocons, il est resté habillé comme un vacancier dans le Sud. Une blessure au genou l’a forcé à arrêter la course pendant quelques mois.
Remis sur pied, le bachelier en arts de Concordia et détenteur d’un certificat en humour et en yoga du rire s’est mis à écouter son corps. Attentif à sa tolérance à l’inconfort, il aime se dépasser, mais de manière progressive pour éviter de se blesser. «Tant que c’est rose, c’est correct», confie le coureur des neiges qui, dès qu’il ressent des sensations désagréables, «des pincements ou des picotements», interrompt sa course hivernale et rentre chez lui.
«Faire un sprint dans le froid sans échauffements préalables augmente le risque de claquage de muscle, mais courir 12 km à un rythme tranquille dans le froid, c’est rigolo. Je ne pense pas que ça pose problème», rassure Myriam Paquette, physiologiste de l’exercice de l’Institut national du sport du Québec (INS). Amusée, la spécialiste du sport glisse qu’il «est plus facile de maintenir la température de son corps nu, quand on a une bonne couche de gras».
Une fois dehors, l’athlète sexagénaire retire son haut et le noue autour de la taille. Ensuite, torse nu, il longe le canal du Saint-Laurent du quartier Saint-Henri jusqu’au Quai de l’Horloge du Vieux-Port au son des gazouillis des oiseaux. Aller-retour, sa course matinale dure 12 km.
Ce clown humanitaire, qui a accompagné le Dr Patch Adams dans les hôpitaux pour faire rire des malades en Amérique latine, en Russie et en Inde, admet que pour deux réactions agréables d’inconnus, une est moins sympathique. Certains bougons préfèrent tourner la tête et l’ignorer. Ça ne doit pas être facile!
Et l’été alors?
L’été, Guy Giard court habillé presque comme en hiver, mais pieds nus! Ainsi, pour ressentir la texture des gravillons, des branches mêlées à la neige qu’il foule du talon, Monsieur Bonheur protège ses pieds avec des chaussures aquatiques à crampons qu’il a payées 30 $ avec des chaussettes imperméables.