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Partager un plex en famille, une bonne idée?  

« Ma mère vient parfois cogner chez moi pendant que je travaille. Pire, parfois j’ai des dates et elle va regarder par la fenêtre pour voir de quoi ils ont l’air. C’est malaisant. » Photo: iStock

Vos parents vous proposent d’acheter un plex en famille pour que vous puissiez tous y habiter? Financièrement, c’est tentant. Mais être voisin immédiat de papa-maman, est-ce vraiment ce que l’on veut à l’âge adulte? Pesons le pour et le contre.  

Gioia Cazzaniga a récemment acheté un triplex dans Verdun avec sa sœur et ses parents. Ces derniers avaient toujours caressé le rêve de se retrouver à nouveau sous le même toit.  

La jeune femme se dit rassurée d’habiter près de ses parents vieillissants, car cela lui permet de les voir davantage.   

Ce n’est toutefois pas toujours idéal. « Ma mère vient parfois cogner chez moi pendant que je travaille. Pire, parfois j’ai des dates et elle va regarder par la fenêtre pour voir de quoi ils ont l’air. C’est malaisant », raconte-t-elle à Métro.  

Risques de conflits  

Mais il y a aussi (et surtout) des avantages. « Mon père a beaucoup d’expérience en réno; il sait c’est quoi, être propriétaire. Moi, je n’ai aucune idée de ce que je fais. S’il n’était pas là pour gérer, ce serait beaucoup plus stressant. Là, je lui fais confiance. »  

Si prendre plus de responsabilités et de charge mentale fait plaisir au père de Gioia, ce pourrait ne pas être le cas au sein d’autres familles.   

« Quand on est un groupe, il y a une loi naturelle qui fait que ce sont toujours les mêmes qui vont gérer ou faire les corvées, et éventuellement, ça peut créer des tensions », croit Martin Provencher, auteur de plusieurs livres sur l’immobilier.   

Gioia est d’ailleurs consciente que, le jour où son père ne sera plus là, des tensions pourraient peut-être naître entre sa sœur et elle autour des responsabilités liées à leur copropriété.  

D’ailleurs, même avant que le plex ne soit acheté, des conflits peuvent éclater. Andrée Tardif raconte à Métro qu’elle était censée acquérir un triplex avec son cousin et sa femme, mais qu’à cause d’une communication inefficace, le couple l’a finalement écartée du projet sans même l’avertir. Andrée avait été mise à pied par son employeur à cause de la COVID-19, mais elle demeurait convaincue que le projet allait aller de l’avant dès son retour au travail. Son cousin ne l’a pas cependant pas attendue. Le manque de communication des deux côtés serait à l’origine de l’échec du projet, croit-elle. « Ç’a été le premier conflit à vie entre moi et mon cousin.» Le froid a duré longtemps, mais heureusement, ils ont repris contact. 

Pour éviter des dérapages – remédiables ou non – avec ses proches, « il faut que des règles et les responsabilités de chacun soient claires et bien établies dès le départ », soutient Charles Brant, directeur de l’analyse du marché de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ)

Impossible sans aide parentale  

Andrée Tardif confie avoir été doublement déçue de l’avortement du projet d’achat avec son cousin puisqu’elle considère qu’elle n’a pas les moyens d’acheter une propriété pour elle seule. 

C’est la même raison qui a poussé Gioia et sa sœur à acheter un plex avec leurs parents. Elles ne l’envisageaient pas réellement au départ, mais elles se sont éventuellement rendu compte que dans le marché actuel, jamais elles ne seraient capables d’être propriétaires par elles-mêmes, même si Gioia estime avoir « une très bonne job ».   

Elles n’avaient pas tort. Comme l’indique le président de l’APCIQ, Marc Lacasse, « de nos jours, il est devenu quasi impossible pour un premier acheteur de faire l’acquisition d’une propriété sans l’aide des parents ».   

L’augmentation de la valeur des propriétés, les taux d’intérêt en hausse et l’inflation ont diminué de manière radicale le pouvoir d’achat de la nouvelle génération d’acheteurs.   

Les propriétaires de la génération des baby-boomers se sont beaucoup enrichis avec l’immobilier; ceux-ci ont pu acheter des propriétés à faible coût à l’époque et peuvent maintenant les vendre à grand prix, explique Charles Brant. Leurs enfants peuvent donc en profiter si papa-maman le veulent bien.  

Ainsi, selon des statistiques de l’APCIQ, au Québec, en 2021, 20 % des premiers acheteurs avaient reçu une contribution financière de leurs parents.  

Pour la proximité  

L’aspect financier est devenu la considération principale pour l’achat de propriétés en famille. Mais, traditionnellement, ce n’était pas le cas. Les raisons étaient davantage sentimentales, liées à l’appartenance familiale. Les gens achetaient une propriété avec leurs proches par désir de proximité avec eux.   

« Cette formule permettait aux parents souvent nouvellement retraités d’avoir quelqu’un pour surveiller leur maison s’ils partaient en vacances. De l’autre côté, elle permettait aux enfants qui commençaient eux-mêmes à enfanter d’avoir les grands-parents pas trop loin pour du gardiennage gratuit », raconte Marc Lacasse.   

Certaines communautés, notamment les Italiens de l’est de Montréal, y adhéraient plus que d’autres, remarque Charles Brant. Historiquement, les Québécois de souche étaient, eux, plus indépendants de leur famille. Jusqu’à ce que ça ne soit plus possible… 

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