Faire du neuf avec du vieux en architecture
Architecture. En marchant dans les rues des quartiers de Santa Maria la Ribera et de San Rafael, au centre de l’immense ville de Mexico, on sent que quelque chose se produit.
De chaque côté des rues se côtoient des bâtisses délabrées et des façades chics, images du phénomène architectural qui a balayé de nombreux coins de la métropole et qui souffle désormais sur des quartiers qui, hier encore, étaient à l’abandon.
Santa Maria la Ribera, tout près du quartier historique, n’est souvent pas indiqué sur les cartes touristiques. Pourtant, il suffit de discuter avec des citadins branchés pour entendre parler de l’engouement que le quartier suscite auprès des propriétaires, des artistes et des passionnés d’architecture. Si cette zone de la ville, habitée surtout par des gens de la classe moyenne, a connu son apogée entre 1910 et 1930 et était considéré comme moderne à l’époque, il a été peu à peu abandonné dans les années 1950, alors que de nouveaux quartiers devenaient à la mode.
Jusqu’à tout récemment, les habitants de la ville s’étaient désintéressés de Santa Maria la Ribera, mais le quartier, qui compte plus de 1 000 bâtiments ayant une valeur architecturale ou historique semble, depuis trois ans, vouloir retrouver son lustre d’antan.
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«Nos amis qui cherchent des logements se dirigent vers ce quartier», confirme Diego Le Provost, un jeune trentenaire breton qui a ouvert avec son copain le El Patio 77, un très joli Bed & Breakfast installé dans une maison datant de 1890 dans San Rafael, le quartier voisin. Ce dernier connaît, à un moindre niveau, le même type d’effervescence.
«Pour l’instant, la rénovation des anciens bâtiments des quartiers de Santa Maria la Ribera et de San Rafael intéresse deux types d’acheteurs», observe Virginie Faury, qui accueille les visiteurs du B&B Jade, une maison d’une autre époque située en plein cœur de Santa Maria la Ribera.
D’après elle, il y a d’abord des promoteurs qui les transforment «hélas» en des maisons ou en des appartements sans grande considération pour l’histoire du bâtiment, contournant même parfois les règles de protection de l’Instituto National de Bellas Artes (INBA). Tout en conservant l’allure des façades, ils construisent, derrière, des immeubles qui n’ont plus rien à voir avec l’ancienne structure du bâtiment.
Mme Faury, une Française installée à Mexico City avec sa famille, espère que ce sera un tout autre type d’acheteurs qui seront plus nombreux à s’installer dans le quartier : des amoureux de vieille architecture qui tentent de mettre de l’avant les richesses des bâtiments en les transformant en maison d’hôtes ou en B&B, établissements encore très peu nombreux au pays. «Il est primordial de reconnaître la valeur de l’ancien», croit cette mordue d’immobilier.
Tout de même, ces deux quartiers, tout près de la station de métro San Cosme, connaissent un bel essor, à l’image de la Roma, de la Condesa et du centre historique avant eux. Cette renaissance témoigne d’une histoire riche qui procure fierté aux habitants et qui donne l’occasion aux
visiteurs de découvrir des quartiers authentiques et des bâtiments aux vies multiples.