La déficience intellectuelle au quotidien
Alors que débute dimanche la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle, Métro a rencontré Brigitte Lessard, 38 ans, une femme qui n’a pas laissé sa condition l’arrêter.
Cette année, vous avez été élue ambassadrice de l’Association de Montréal pour la déficience intellectuelle, en êtes-vous fière?
Je suis très fière d’avoir été choisie. Au début, j’avais un peu peur, mais ça va beaucoup mieux maintenant, d’autant que j’ai pris la parole devant plus de 700 personnes lors de notre précédente soirée. Je veux vraiment m’engager dans les actions pendant toute cette année. Ça pourrait être le fun faire du porte à porte pour parler de l’association, ça me plairait beaucoup.
Votre différence est-elle un obstacle dans la vie quotidienne?
J’essaie d’avoir la vie la plus normale possible. Je travaille depuis treize ans chez Jean Coutu et je vis seule depuis bientôt douze ans. Au début, j’avais de la misère à faire certaines choses seule, comme la vaisselle ou l’épicerie. Mais depuis le temps, tout va bien. Dans mes temps libres, je vais au Carrefour d’éducation populaire de Pointe-Saint-Charles pour perfectionner mon niveau de lecture, et je siège au conseil d’administration de cette école. Je fais beaucoup de sport aussi et je suis une grande voyageuse. J’ai déjà vu Cuba, Vancouver, la France, l’Espagne. Je profite au maximum de la vie.
Sentez-vous un regard différent sur vous?
Parfois, les gens rient de nous les déficients intellectuels. C’est plat parce que, pour nous, c’est pas tout le temps facile. Mais quand ça m’arrive, je passe à autre chose et je ne me formalise pas pour si peu. Et puis ce regard n’est pas toujours négatif. On me dit souvent que je suis toujours de bonne humeur, que c’est le fun de travailler avec moi.
Quels sont vos rêves aujourd’hui?
J’aimerais voyager encore et voir d’autres pays. Et puis, je crois que mon plus grand rêve présentement, c’est de m’installer avec mon copain. Lui n’est pas déficient. Avec lui, j’aimerais avoir des enfants. J’ai beau garder mes neveux et nièces, c’est vraiment différent d’avoir son propre enfant.