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Les trois quarts des HLM de Montréal sont en mauvais état

Photo: Alexis Drapeau-Bordage, Métro

À Montréal, trois HLM sur quatre sont en mauvais état (catégorie D) ou en très mauvais état (catégorie E), déplore l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM). Celui-ci demande, de concert avec la Fédération des locataires de HLM du Québec (FLHLMQ), que le prochain budget du gouvernement provincial compte 400 M$ annuellement en rénovations de HLM pour les cinq prochaines années.

De cette somme, la moitié reviendrait à l’OMHM, puisque c’est à Montréal qu’on trouve le plus de HLM en mauvais état. Estimant ses besoins annuels à un minimum de 150 M$, l’Office a reçu 89,1 M$ en 2022.

Le «sous-financement chronique» de la rénovation des HLM est la cause principale de leur décomposition, soutient Patricia Viannay, organisatrice communautaire à la FLHLMQ. Elle note qu’alors que la situation était déjà difficile entre 2015 et 2019, années où 350 M$ étaient investis par le gouvernement, cette somme est aujourd’hui plus proche de 280 M$.

Entre 2020 et 2022, le nombre de logements de catégories D et E a augmenté de 39%, passant de 18 655 à 25 974. À Montréal, le pourcentage de HLM classés dans les catégories D et E est passé de 66% à 75% en un an seulement.

Ce serait 40,2% des immeubles de HLM au Québec qui nécessiteraient des travaux majeurs, selon le bilan de la Société d’habitation du Québec. Mais la FLHLMQ explique qu’il est plus pertinent de parler directement en termes de logements plutôt que d’immeubles, puisque ce serait plus représentatif de l’offre réelle en matière d’habitation.

«Si les HLM de Montréal étaient une ville, ce serait la 30e au Québec», décrit Richard Gagné, président du comité consultatif des résidants et résidantes de l’OMHM, comparant sa taille à Sorel et Rouyn-Noranda. «Une ville qu’on ne voudrait pas voir», cependant, à cause de sa pauvreté, ajoute-t-il.

«Derrière ces chiffres et ces taux de vétusté, il y a des milliers de ménages qui vivent dans des immeubles où les enfants ont froid et où l’air est malsain en raison de la moisissure causée par les infiltrations d’eau», rappelle-t-il.

Un exemple concret

C’est en face du 1585, rue Dufresne, un HLM qui a été barricadé en 2019 en raison de problèmes de qualité de l’air causés par la pourriture, que l’OMHM et la FLHLMQ ont tenu leur sortie médiatique à ce sujet, le 27 février.

En 2020, 271 000 $ auraient été nécessaires pour rénover le bâtiment de la rue Dufresne; deux ans plus tard, ces coûts sont maintenant estimés à 438 000 $.

L’état de la cuisine d’un des logements du 1585, rue Dufresne. Photo: Alexis Drapeau-Bordage, Métro

L’immeuble ayant été laissé à l’abandon en raison de la prolifération de la pourriture, Métro s’est fait recommander de porter un masque avant de visiter les lieux. L’immeuble de six logements dispose de vingt chambres, autrefois habitées par des familles.

Malheureusement, le marché locatif actuel ne permettrait tout simplement pas à ces familles de se reloger dans un endroit plus salubre, affirme Patricia Viannay.

Les politiques s’insurgent

Des représentants des trois partis d’opposition étaient présents à cet événement de presse. Trois formations politiques qui appuient les demandes de la FLHLMQ.

Virginie Dufour, porte-parole du Parti libéral en matière d’affaires municipales et d’habitation, critique le gouvernement de la CAQ pour sa «méconnaissance du terrain». Elle presse celui-ci d’agir pour rénover les habitations de catégories D et E, mais aussi celles de catégorie C avant qu’il ne soit trop tard.

Andrés Fontecilla, de Québec solidaire, trouve quant à lui «complètement délirant» que le gouvernement dise venir en aide aux locataires alors que de tels chiffres existent. Il en conclut que «ce gouvernement-là n’aime pas le logement social». Il rappelle aussi l’urgence d’agir, soulignant que «si, aujourd’hui, ça coûte un tel montant, ça va coûter le double demain».

Méganne Perry Mélançon, du Parti québécois, accuse de son côté le gouvernement Legault de privilégier les gens qui ont plus de moyens en matière d’habitation, notamment par la construction de logements abordables, alors que «la notion d’abordabilité n’existe clairement plus sous ce gouvernement-là».

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