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Émissions de rénovation et de décoration : Le Québec en mode réno, déco, dodo

Décore ta vie, Manon, tu m’inspires!, Ma maison Rona, Les anges de la rénovation, Les citadins du rebut global, Trading Spaces, Flip That House… Le moins qu’on puisse dire, c’est que les téléspectateurs ont l’embarras du choix quand vient l’heure de syntoniser une émission traitant de décoration ou de rénovation.

Au Québec, le secteur de la rénovation a connu une importante croissance au cours des 10 dernières années. Cet intérêt s’est  répercuté non seulement sur le terrain, où de nombreux magasins de rénovation et de décoration (Home Depot, HomeSense, Rona l’entrepôt) ont poussé, mais également dans le paysage télévisuel.

«Au Québec, la partie du budget que consacrent les ménages à leur confort et à leur demeure a augmenté de 8 % au cours des dernières années», fait remarquer Jacques Saint-Pierre, titulaire de la Chaire SITQ en immobilier de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.

«Ce phénomène s’explique en partie par le vieillissement de la population et le faible taux de natalité, continue-t-il. L’argent qui était autrefois réservé aux enfants ou au paiement de l’hypothèque a été libéré, ce qui fait que ces personnes ont beaucoup plus de sous à consacrer à leur chez-soi. La multiplication des émissions de rénovation et de décoration s’inscrit dans cette vague-là, puisque ces ménages veulent des idées.»

Le cocooning, prise 2
Phénomène initié dans les années 1990, le cocooning a pris, depuis le début de la décennie, une place très importante dans le style de vie de plusieurs ména­ges.
«Il y a davantage de crainte de l’espace public, note M. Saint-Pierre. Les gens se renferment plus, passent plus de temps chez eux.»

Cette réalité a façonné un nouveau phénomène qui n’est pas étranger à l’impressionnante offre d’émissions télévisées portant sur la rénovation et la décoration.

«On parle aujourd’hui beaucoup de "hiving", explique Manon LeBlanc, animatrice de l’émission Manon, tu m’inspires! au Canal Vie. Le "hiving" est arrivé à la suite du cocooning. Ça représente une période où les gens ont envie de recevoir. Ils sont bien chez eux, comme dans le cas du cocooning, mais en plus, ils aiment recevoir dans leur décor. Les gens se sont donc mis à regarder les émissions de décoration et à se dire qu’eux aussi étaient capables de se bâtir un décor qui leur plaît.»

Des émissions et des idées
La vague des émissions de décoration et de rénovation a déferlé aux États-Unis avant d’atteindre le Québec, notamment avec l’entrée en onde de Trading Spaces sur les ondes de The Learning Channel (TLC) en 2000.

«L’innovation est venue du côté des Américains, confirme Jacques Saint-Pierre. Avant, les émissions étaient plus traditionnelles et se contentaient de donner des conseils, comme Martha Stewart. C’était plus statique. Maintenant, les émissions sont plus proactives. On raconte une histoire, il y a un fil dramatique, des émotions.»

Cette nouvelle formule, qui se rapproche de la téléréalité, aurait d’ailleurs grandement contribué à la popularité de la nouvelle vague d’émissions de rénovation et de décoration.

«Pour qu’une émission soit réussie, il faut que ça bouge, souligne Manon LeBlanc. Il faut que ce soit divertissant. On ne peut pas juste parler de tissus, par exemple, ce n’est pas un cours. Il faut aussi s’attacher aux participants, qu’il y ait une histoire. Parce que si certaines personnes regardent ces émissions pour la décoration, d’autres le font pour voir la réaction des gens. Il faut que ce soit complet, qu’il y ait un petit quelque chose pour tout le monde. Et qu’à travers tout ça, les gens aient appris.»

Un avenir encourageant
Loin de s’essouffler, la vague de popularité des émissions consacrées à la rénovation et à la décoration devrait vraisemblablement continuer de déferler un certain temps.

«Je pense que ces émissions vont continuer d’avoir du succès, estime Jacques Saint-Pierre. La rénovation et la décoration sont des domaines très créatifs. Il y a des gens de qualité qui y Å“uvrent et qui surprennent en trouvant des choses que les autres ne voient pas. Et le public ne se tanne pas.»

«Je crois que les émissions vont continuer d’évoluer. Il le faut, juge pour sa part Manon LeBlanc. À mon avis, des émissions de plus en plus interactives vont faire leur apparition.»

En attendant, le public québécois pourra se rabattre sur une vingtaine d’émissions disséminées dans la grille horaire automnale des différents réseaux.

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