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Est-ce la fin du couple?

L’internet a-t-il changé à jamais la façon qu’ont les gens de développer des relations amoureuses? L’amour avec un grand A est-il toujours possible malgré le nombre infini de possibilités de rencontre qu’offre l’internet? La toile détruira-t-elle le couple? Le sociologue Jean-Claude Kaufmann, qui a publié le mois dernier le livre Sex@mour, s’est penché sur les transformations qu’a subies le paysage des rencontres amoureuses depuis l’avènement de sites web qui leur sont dédiés.

Le constat qu’il dresse risque de déplaire aux romantiques. «L’internet rend l’engagement plus difficile, a expliqué à Métro Jean-Claude Kaufmann lors de son passage à Montréal, la semaine dernière. On entre dans un univers de choix qui permet d’avoir accès à des milliers de profils. On peut facilement entrer dans une logique de consommation, ce qui peut être catastrophique.»

La facilité avec laquelle des hommes et des femmes peuvent entrer en contact grâce à l’internet a considérablement avantagé les grands timides qui, autrefois, n’osaient pas aborder les personnes qui leur plaisaient, a noté le sociologue. Elle a aussi eu un effet dévastateur sur la survie des couples qui éprouvent des difficultés.

«Avant, quand ça allait mal dans un couple, on attendait que ça passe, a rappelé M. Kaufmann. Aujourd’hui, c’est très facile d’aller sur la toile. On se dit que ce n’est pas grave, qu’on ne fait que regarder, mais on peut facilement enclencher les étapes qui mènent à une nouvelle relation. Il faut être très motivé ou très amoureux pour résister à la tentation.»

Un mélange explosif
Auteur de nombreux livres sur le couple, Jean-Claude Kaufmann n’est pas prêt à clouer le cercueil du grand amour. Selon lui, le besoin d’avoir «un petit monde à soi» est encore bien présent au sein de la société. Le désir d’engagement pourrait toutefois ne pas suffire pour résister à la tentation. «On observe présentement deux tendances contradictoires, a souligné le sociologue. D’un côté, les gens recherchent le plaisir personnel, ce qui a mené à une banalisation de la sexualité. De l’autre, ils cherchent un engagement durable. C’est un mélange très explosif. Je n’ai qu’un espoir modéré que le couple s’en sorte.»

Selon Jean-Claude Kaufmann, l’affrontement entre la «sexualité loisir» et le rêve d’amour risque de prendre de l’ampleur au cours des prochaines années. «Les relations amoureuses ont connu des bouleversements considérables qui ont été très rapides, a-t-il soutenu. Ce que nous risquons de voir au cours des prochaines années, c’est une généralisation de la situation.»

Pièges de l’internet
Jean-Claude Kaufmann a identifié deux grands pièges des sites de rencontres.

  • La logique consommatoire : «Sur les sites reconnus, c’est très fréquent de voir une logique consommatoire se développer. On remplit une fiche et on devient pratiquement des produits. On se met alors à chercher un « produit » qui correspond à ce qu’on recherche. L’amour, pourtant, ne fonctionne pas comme ça. Il faut s’abandonner un peu.»

  • L’individualisme : «Parce qu’elles recherchent uniquement leur plaisir personnel, certaines personnes en viennent à instrumentaliser l’autre. Cette attitude, très dure, est à l’opposé de ce qu’est l’amour. La sexualité ne peut pas devenir un simple loisir puisqu’elle est au cÅ“ur de l’amour.»


Sex@amour
Armand Colin

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