Katherine Melançon, faire parler le vivant à la galerie Elektra
Dès les premiers pas dans la galerie Elektra, située vers le Mile-End, on ne sait plus si l’on est dans un espace artistique ou une étrange serre. L’exposition Vers un parlement du vivant, de l’artiste Katherine Melançon, présentée jusqu’au 2 octobre, mêle la présence de plantes avec l’art numérique.
L’exposition de Katherine Melançon est concentrée au centre de la galerie Elektra. Un îlot de terre et de plantes est disposé au sol, et cinq écrans montrent une image qui mélange numérisation et imagerie 3D. La galerie est presque totalement plongée dans le noir, les sources lumineuses principales proviennent de quelques néons posés au milieu des feuillages et des écrans.
Au début, on est intrigué par la présence d’autant de verdure dans une galerie d’art et des images provenant des écrans. Quand on se rapproche, on constate que plusieurs plantes possèdent des capteurs sur leurs feuilles. Ces derniers sont connectés aux écrans, dans lesquels on voit ce qui ressemble à une composition numérique de feuilles et de végétaux.
Pour créer cette image, l’artiste a utilisé plusieurs techniques numériques. D’abord la scannographie, un médium qui est devenu central dans le travail de Katherine Melançon. Mais elle a ajouté cette fois une autre technique, celle de la photogrammétrie qui permet d’avoir une image 3D d’un objet. Elle a aussi utilisé une troisième technique d’imagerie 3D moins sophistiquée grâce à une application. On retrouve ici l’habitude de l’artiste de pousser les limites des outils numériques pour créer des œuvres inédites.
L’humain et le vivant
Pour cette exposition, Katherine Melançon joue avec le lien entre les êtres vivants, ici les plantes et le numérique. Les capteurs posés sur les feuilles permettent de construire une image 3D des végétaux. L’image change lorsque la plante bouge et se modifie. Mais c’est un mouvement qui est presque imperceptible. « Je cherche à me rapprocher de l’expérience du temps et de la façon dont les végétaux évoluent, qui est beaucoup plus lente que nous. », explique l’artiste visuelle. Il faut donc s’armer de patience si l’on veut apercevoir le moindre soubresaut d’une feuille.
Avec Vers un parlement du vivant, l’artiste nous fait réfléchir sur notre place par rapport aux végétaux, en nous encourageant à comprendre leur notion du temps. « L’installation se questionne sur la relation de pouvoir entre les êtres humains et les êtres vivants non humains. ».
Cette exposition est la première partie de la série Vers un parlement du vivant. Ayant été repoussée à cause de la pandémie, l’artiste a entre-temps pu présenter en 2020 la deuxième partie devant la Maison de la culture Claude-Léveillé.