Faute de sauveteurs, des piscines publiques pourraient être fermées cet été
La mairesse d’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, Caroline Bourgeois, lance un cri du cœur dans l’espoir de pourvoir rapidement plusieurs postes de sauveteurs, faute de quoi certaines piscines pourraient être forcées de réduire leurs heures d’ouverture, ou même ne pas ouvrir du tout cet été.
À quelques semaines de l’ouverture des piscines extérieures, entre 20 et 35 postes de sauveteurs seraient toujours à combler à RDP-PAT.
«Si on n’est pas capables d’ajouter ce nombre-là […], est-ce qu’on va être obligés de fermer certaines piscines moins fréquentées? De réduire des heures d’ouverture? Toutes les options sont sur la table», déplore la mairesse, en entrevue avec Métro.
Ça m’inquiète parce que ce n’est pas tout le monde qui a une piscine dans sa cour, ou qui peut aller à la plage. Avec les canicules qu’on connaît, c’est presque une question de santé publique.
Caroline Bourgeois, mairesse de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles
Mme Bourgeois assure pourtant que l’arrondissement a «mis beaucoup d’efforts pour le recrutement». Elle souligne entre autres la production d’une vidéo mettant en vedette de jeunes sauveteurs vantant les avantages du métier, comme travailler à l’extérieur, l’esprit d’équipe et l’ambiance.
«Malheureusement, on a peur de ne pas pouvoir desservir la population comme on l’a fait les étés précédents.»
L’an dernier, l’ensemble des bassins extérieurs de RDP-PAT avaient pu ouvrir. Ils avaient cependant presque tous dû fermer vers la mi-août, en raison entre autres d’un manque de personnel au moment de la rentrée scolaire des cégeps.
Pandémie et pénurie de main-d’œuvre
L’arrondissement de RDP-PAT est loin de faire figure d’exception au Québec. La pénurie de sauveteurs, qui s’observe à travers la province, serait en grande partie attribuable à la pandémie, selon le directeur général de la Société de sauvetage, Raynald Hawkins.
«C’est clair qu’on s’en va vers une situation où on a moins de sauveteurs. Quand on a décidé de fermer les piscines en mars [2020], période où on forme le plus de sauveteurs, j’avais déjà dit qu’il y aurait des effets dominos, pas plus tard que dans deux ans.»
En 2019, une année «normale», 5500 jeunes ont fait leur premier cours de sauvetage. En 2020, en raison de la pandémie, 2400 personnes ont suivi la formation, et 4400 en 2021.
Les effets se sont fait sentir dès l’été dernier, alors que des municipalités ont dû réduire les heures d’ouverture de leurs piscines, souligne M. Hawkins.
Autre facteur aggravant: les recruteurs doivent composer avec une pénurie de main-d’œuvre généralisée. «Quand on est en plein-emploi comme présentement», le taux de renouvellement de sauveteurs est beaucoup plus bas, précise le directeur général.
«La pénurie de sauveteurs est aussi grande, sinon plus que la pénurie de moniteurs de camps de jours, de restaurateurs, des employés de la construction», ajoute-t-il.
Quelle solution pour les municipalités?
Trouver des solutions «innovantes et attractives» pour attirer le personnel, faire une gestion d’horaire plus serrée, offrir des formations intensives et accroître l’accessibilité aux formations par le biais des institutions scolaires sont toutes des solutions qui pourraient être mises de l’avant pour contrer la pénurie de sauveteurs, croit M. Hawkins.
Le salaire pourrait aussi être un levier déterminant à son avis, notamment en étant concurrentiel avec les autres emplois d’été. «Plus vous vous rapprochez du salaire minimum, plus sera difficile le recrutement.»
À cet égard, Caroline Bourgeois précise que les salaires des sauveteurs sont assujettis aux conventions collectives.
«Ce sont des conditions intéressantes, tant au point de vue salarial que des conditions de travail. C’est aussi une porte d’entrée à la Ville de Montréal», met-elle de l’avant.
Pour postuler
Les candidatures spontanées peuvent toujours être accueillies en ligne.
Les personnes de 16 ans et plus détenant une carte de croix de bronze de la Société de sauvetage peuvent aussi postuler.