Le manque de places à quai, un problème bien ancré à Montréal
Bien que Montréal soit entourée d’eau, les places à quai sont des denrées rares à travers la métropole. En 2020, la fermeture des 452 places à quai à la marina de Lachine avait provoqué beaucoup de remous auprès des plaisanciers.
Plus récemment, la marina de Pointe-aux-Trembles en a fermé une vingtaine alors qu’à Verdun 16 places ont été retirées cet été.
Chez Nautisme Québec, on se désole de la situation.
«Il y avait déjà un manque de près de 2500 places à quai et ça, c’était avant la fermeture de la marina de Lachine. Il y a un gros, gros manque», explique la directrice générale, Josée Côté.
Mme Côté estime que ces retraits de places sont susceptibles de décourager de potentiels plaisanciers.
«C’est un enjeu. Les gens se demandent: “Est-ce que je m’achète un bateau? Parce que si j’en achète un, je vais le mettre où?”»
Nautisme Québec souhaite une meilleure valorisation des pratiques nautiques de la part de la Ville de Montréal.
«Montréal devrait être fière de présenter des infrastructures nautiques, tournées vers la transition écologique et qui encouragent les citoyens à faire cette transition-là et à les sensibiliser. Montréal devrait être un magnifique pôle nautique», clame Josée Côté.
La Ville se défend
Montréal estime déployer les efforts nécessaires pour améliorer l’accès à l’eau et valoriser les activités nautiques.
«La fermeture des quais à Verdun, c’était deux quais de huit places chacun qui étaient en fin de vie. Ils étaient là depuis 1996 et on n’avait pas le choix de procéder, la sécurité était compromise», explique le porte-parole de la Ville de Montréal, Philippe Sabourin.
«Nous, notre souhait, c’est de créer un Montréal bleu. On veut permettre aux gens de profiter de l’espace qui les entoure. Mais l’accès à l’eau, ça va au-delà des quais. On encourage des embarcations nautiques diversifiées, les impacts environnementaux sont moindres», poursuit M. Sabourin.
La Ville de Montréal investit près de 200 M$, sur une durée de dix ans, pour réhabiliter les berges, restaurer les milieux humides et aménager le nouveau parc riverain de Lachine.
L’Arrondissement de Verdun ne cache toutefois pas son malaise quant à la gestion de la marina. La mairesse Marie-Andrée Mauger a confirmé être en processus de transition de la gestion des quais, notamment.
«On sent qu’on n’est pas vraiment dans notre mission. On veut donc déléguer la gestion des quais à un organisme ou à une entreprise. On est en train de définir les paramètres et on va présenter l’appel de projets à la fin de l’été de manière transparente», explique Mme Mauger.
La Ville considère que les balades en bateau ne sont pas des activités d’ordre public.
«Nous avons le devoir de nous concentrer sur les services municipaux. On va maintenir cet espace pour les quais, mais l’idée c’est que l’Arrondissement se retire de la gestion», précise Marie-Andrée Mauger.
«Une ruée vers l’Ontario»
La directrice générale de Nautisme Québec croit que la Ville de Montréal est en train de rater le bateau.
À Montréal, on ne compte que 11 marinas.
En raison du manque de places de quai, Mme Côté observe que plusieurs plaisanciers québécois décident d’aller jusqu’en Ontario pour mettre leur embarcation à l’eau.
«Le Québec est perdant parce qu’au plan économique, ces dépenses-là des plaisanciers et de cette forme de tourisme local sont perdues au détriment de nos voisins de l’ouest. Et, en plus, les gens utilisent leur voiture, donc ils émettent plus de GES», indique Josée Côté.
Elle croit d’ailleurs que les plaisanciers devraient jouir de la même qualité d’infrastructure que ceux qui fréquentent les terrains de baseball ou les arénas, par exemple.
«Quand on dirige une ville, on doit offrir des loisirs à l’ensemble de la population et non faire des catégories d’activités encouragées ou non», poursuit la directrice générale de Nautisme Québec.
L’organisation estime que le développement et la revalorisation des activités nautiques représentent une occasion à saisir.
«Il faudrait travailler ensemble pour améliorer les pratiques nautiques. On pourrait investir dans la filière de l’électrification des embarcations, baliser nos plans d’eau, et faire de la sensibilisation par rapport à l’érosion des berges», conclut Mme Côté.