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Trop de logements insalubres à Cartierville

Photo: Collaboration spéciale

Souris, punaises de lits, coquerelles, moisissures, absence de chauffage, les problématiques d’insalubrité se comptent par dizaines dans les logements d’un secteur défavorisé de Cartierville. Des situations dramatiques que vivent depuis plusieurs années des locataires qui redoutent de porter plainte.

Le Comité logement Ahuntsic-Cartierville (CLAC) a présenté, le 17 janvier, la synthèse de son étude menée durant 11 mois dans la zone de revitalisation urbaine intégrée (RUI) Laurentien-Grenet.

Intitulée Zoom sur l’insalubrité, elle a été menée entre janvier et décembre 2016 et dresse un portrait sombre du parc locatif.

L’intervenant qui a conduit l’étude a pu discuter avec 789 ménages et près de 46% disent vivre dans l’insalubrité. «Quand j’ai vu les chiffres, j’ai été choqué, observe Harout Chitilian, conseiller de Bordeaux-Cartierville. Mais, il faut dire aussi que ce rapport ne tombe pas du ciel. Nous allons étudier les recommandations pour voir quelle suite leur donner.»

Le CLAC souligne qu’à peine 113 personnes ont déposé une requête pour non-respect du Règlement sur la salubrité et l’entretien des logements de la Ville de Montréal auprès de l’arrondissement, pendant la durée de l’étude.

«Les gens ont peur, ils ne veulent pas entrer en conflit avec leur propriétaire ou bien souhaitent ne pas s’embarquer dans des procédures trop longues», indique Rémy Robitaille, organisateur communautaire au CLAC pour expliquer la faiblesse du nombre de plaintes.

Selon l’étude, une fois la plainte adressée à la Ville, il peut se passer plus de cinq mois avant qu’un inspecteur vienne visiter l’appartement.

«Cela prouve qu’il faut changer les façons de faire. De plus, les délais pour régler les problèmes sont inacceptables. Pendant ce temps, c’est la santé des résidents qui se détériore», a réagi Émilie Thuillier, conseillère d’Ahuntsic, élue de Projet Montréal.

«Avec ses réformes du financement des arrondissements et des ressources humaines, l’administration Coderre a coupé les vivres à plusieurs arrondissements, ce qui n’a fait qu’accentuer le manque de ressources dédiées aux inspections», a soutenu pour sa part Valérie Plante, cheffe de Projet Montréal.  Sur les 113 requêtes effectives, 42 ont été fermées après règlement du problème et 17 ont abouti à des avis d’infraction.

Un logement de Cartierville infesté par des coquerelles. Photo: Collaboration spéciale
Un logement de Cartierville infesté par des coquerelles. Photo: Collaboration spéciale

Logement de l’horreur
Nadjia, une résidente du quartier, fait partie de ces rares courageux qui ont décidé d’informer la municipalité de leurs cas. Elle n’en pouvait plus des souris et du froid dans son trois et demi qu’elle paye toute de même 600$ par mois.

«Cela fait un an et demi que j’habite à Cartierville. Au début, j’ai emménagé dans un logement propre où la peinture a été refaite, mais ensuite j’ai dû faire face aux souris et à la mauvaise isolation», déplore-t-elle.

Une situation insoutenable dont elle a parlé avec son propriétaire. «Il a ramené des pièges pour capturer les rongeurs, mais il y a toujours des animaux. Quand il fait -15 dehors, dans mon appartement cela ne dépasse pas les 10 degrés. Je suis obligée de me couvrir avec trois couvertures pour pouvoir dormir», dit-elle.

Le CLAC souhaite que le projet soit prolongé pour qu’un rapport de confiance s’installe avec les locataires, que les requêtes soient traitées plus rapidement et qu’un fichier public des propriétaires délinquants soit mis sur pied.

«La Ville publie le nom d’un restaurant ou d’une épicerie épinglée par l’inspection des aliments, mais elle ne le fait pas pour les propriétaires délinquants», regrette M. Robitaille.

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