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Des travaux poussent un commerce de Cartierville à la fermeture

Photo: Amine Esseghir/TC Media

L’important chantier sur la rue Lachapelle et le boulevard Laurentien, à Cartierville a fait sa première victime parmi les commerçants. Le nettoyeur Bel-Tone sur le boulevard Gouin ouest annonce le fermeture de ses portes après 59 ans d’existence.

«Je ne peux plus rien faire, je suis asphyxié», se lamente Robin Girard, propriétaire. Il a placardé une affichette sur la porte pour annoncer que le 3 juin, il ne pourra plus recevoir de clients.

Son magasin, sur le boulevard Gouin ouest, est situé entre la rue Chapelle et le boulevard Laurentien, là où la ville a entrepris des travaux de réfection des réseaux d’égouts et d’aqueducs ainsi que des aménagements paysagers pour près de 50 M$. Les travaux ont commencé au début du mois mars et depuis, l’accès à son commerce est quasiment obstrué par des grilles de chantier.

Chiffres à l’appui, il précise qu’il a perdu près de 50% de ses revenus. Entre le 7 mars et e 1er juin 2016, il avait fait plus de 25 000 $ et reçu 64 nouveaux clients. Pour la même période en 2017, les revenus ont baissé à 13 000 $ et à peine 36 nouveaux clients ont franchi le pas de sa porte.

«Depuis quatre ans, c’était un peu difficile, mais avec le chantier, je ne peux même plus payer le loyer de la bâtisse» – Robin Girard propriétaire du nettoyeur Bel-Tone

M. Girard a repris le commerce il y a 12 ans. L’enseigne était connue dans le quartier et il était satisfait de ses affaires. «J’aime mon métier, j’aime mes clients, mais maintenant, je n’en peux plus.»

À 48 heures de la fermeture, il s’inquiète de la manière de vider les locaux et déplacer ses équipements. «Je dois libérer les lieux avant le 20 juin, ensuite il faudra que je me trouve un job», mentionne Robin Girard.

Robin Girard, propriétaire du nettoyeur Bel-Tone à Cartierville, a perdu la moitié de ses revenus à cause des travaux sur Laurentien-Lachapelle à Cartierville. Photo: Amine Esseghir/TC Media

Dernier recours
Avant de se résoudre à mettre la clé sous la porte, il avait écrit aux élus pour les informer de l’urgence de la situation.

La lettre datée du 3 mai, était adressée au maire Denis Coderre, au maire de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, Pierre Gagnier, au conseiller de Bordeaux-Cartierville, Harout Chitilian, et au responsable des infrastructures au comité exécutif de la Ville de Montréal, Lionel Perez. «On ne nous a jamais répondu», affirme-t-il.

Un peu plus loin, Ahmed Touzani a emménagé son nouveau salon de coiffure en janvier. Lui aussi s’était joint à M. Girard et à trois autres commerçants pour signer la lettre aux élus.

M. Touzani exerçait quelques mètres plus à l’est, mais la vente et la démolition de la bâtisse où il louait un local depuis 10 ans, l’ont obligé à se déplacer en plein cœur du chantier. Il croyait qu’en restant dans le quartier qu’il serait toujours aussi proche de sa clientèle.

«Avec le chantier j’ai moins de clients, c’est certain. Surtout que ce sont des habitués. Il y en a que je n’ai pas revu depuis quelques mois», déplore-t-il.

Même si les temps sont difficiles, il n’a pas l’intention de fermer boutique. «Je n’ai pas le choix et peut-être que la coiffure nécessite moins de moyens que l’activité de nettoyeur.» – Ahmed Touzani, propriétaire d’un salon de coiffure

Situation complexe
Les commerçants de Gouin ouest sont en principe réunis au sein de l’Association des gens d’affaires de Gouin ouest (AGAGO).

«J’ai eu vent de ces plaintes, mais ces commerçants ne sont pas membres de notre association», regrette Benoît Hotte, président de l’AGAGO. Il note toutefois, que si des adhérents de son association font des requêtes concernant les impacts des travaux sur leurs activités, il sera là pour les représenter et les appuyer.

«Pour le moment, nous n’avons pas de plaintes», relève-t-il.

«Je suis très triste pour ces commerçants qui souffrent et je comprend leur situation. Ils veulent une compensation financières à cause des pertes subies, ce qui est compréhensible, mais cela ne peut venir qu’avec le statut de métropole. Sinon, la Ville a les mains liées.» – Harout Chitilian, conseiller de Bordeaux-Cartierville

En attendant, la rue bénéficie du programme Pr@m artère en chanter qui permet d’embellir les devantures et faciliter les accès pour aider les commerçants durant cette phase délicate.

«Il y a très peu de rues en travaux qui ont eu droit à cette aide», rapporte le conseiller de Bordeaux-Cartierville, Harout Chitilian.

Sinon, l’élu en appelle à la résilience des entrepreneurs. «Une fois les travaux derrière nous, nous serons très content de voir ce qu’est devenu ce secteur revitalisé», fait-il savoir.

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